L'adaptation du secteur des assurances, de l'environnement fiscal, douanier et bancaire de l'Algérie ne peut faire l'économie d'une concordance en termes de journées ouvrables avec le reste du monde. L'Algérie est-elle condamnée à tourner le dos pour l'éternité au week-end universel? Cette question mérite d'être posée du fait qu'elle suscite un intense débat controversé au sein des différentes strates de la société. Divisée, la classe politique n'a jamais pris le problème à bras-le-corps. A peine est-il intégré dans un discours politique de conjoncture pour coller à une certaine actualité économique du pays. Reléguée au rang des sujets de seconde catégorie par le calendrier politique national, la question de l'instauration d'un week-end universel en Algérie remonte à la surface par l'entremise des acteurs économiques. Le n°1 du Forum des chefs d'entreprise (FCE) a déjà prévu de convoquer une assemblée générale de ses adhérents pour débattre du sujet. Le FCE veut-il prendre le relais du groupe sidérurgique algéro-indien Mittal Steel qui a donné le ton en prenant l'initiative unilatérale qui a secoué les institutions économiques du pays, à savoir se conformer à un week-end universel adapté et en optant pour les vendredi-samedi comme jours de repos. En fait, le FCE ne fait que relancer sa propre initiative entreprise au mois d'octobre dernier consistant à animer des veillées- débats à l'hôtel El Aurassi sur le thème «Le retour au week-end universel: une exigence économique». C'est peut-être le cadre de débat qui sied le plus à ce genre de thèmes sensibles. Place donc aux acteurs véritables! Un constat est fait depuis longtemps: l'Algérie a tout à gagner en entrant dans le planning du calendrier international. Des milliards de dollars sont perdus faute de ne pouvoir profiter du commerce international et du mouvement des fonds durant quatre jours. Un récent rapport de la Banque mondiale a évalué les pertes de l'Algérie, dans ce domaine, à une bagatelle de 4 milliards de dollars/an. Les observateurs et experts considèrent que l'Algérie perd 1 à 2 points de son taux de croissance en raison du week-end légal en vigueur. Le Conseil national économique et social (Cnes) a établi, durant la présidence de M.Mentouri, que les pertes enregistrées pour l'économie algérienne, à cause de la non-concordance des deux calendriers, varient entre 700 millions et 1 milliard de dollars. Le cri d'alarme n'a jamais été entendu. Pourtant, l'économie algérienne a un besoin pressant de ce potentiel financier non exploité. L'image d'une dizaine de bateaux en rade à l'entrée du port d'Alger attendant la fin du week-end national pour débarquer ou embarquer la marchandise, marque bien cette contradiction d'un pays prêt à entrer de plain-pied dans la mondialisation sans prendre la précaution de s'adapter à ses règles les plus élémentaires. Harmoniser les jours de travail et les jours de repos avec le reste du monde devient une nécessité. Sur le plan religieux, rien ne contredit une telle conduite. L'Islam incite les musulmans au travail juste après la fin de la prière. N'y a-t-il pas meilleur que le travail pour adorer Dieu? La religion musulmane n'a jamais été un obstacle pour le développement économique, particulièrement quand il s'agit de commercer. La problématique du week-end universel se pose en Algérie depuis plus d'une décennie déjà. Sans résultat. Instauré en 1976 pour des considérations géopolitiques, le repos hebdomadaire (jeudi-vendredi) adopté par notre pays n'a aucune vision économiste soucieuse de préserver les intérêts économiques et sociales du pays. Il répondait à des considérations politiques et semble maintenant rattrapé par la réalité du monde et de son économie. Confronté aux attributs de la mondialisation des échanges commerciaux, l'Algérie est appelée à faire la part des choses quand il s'agit de l'idéologie et de l'économie. Ce sont maintenant les règles de l'économie de marché qui ne s'accommodent point de demi-mesures. L'adaptation du secteur des assurances, de l'environnement fiscal, douanier et bancaire de l'Algérie ne peut faire l'économie d'une concordance en termes de journées ouvrables avec le reste du monde. Voir nos aéroports et nos ports vides durant les jours où le monde entier est en ébullition, est un contraste difficile à admettre. Rares sont aujourd'hui les pays qui n'ont pas cadré leur calendrier national avec son équivalent international. Même la Mauritanie s'est jetée à l'eau. Ce petit pays voisin ne cesse d'étonner et de nous donner des leçons. Même si sa société a des attaches religieuse plus ancrées que la nôtre, cela ne l'a pas empêchée d'adopter le week-end universel pour booster son économie. Sans que cela n'empêche le soleil de continuer à se lever à l'est pour se coucher à l'ouest. Le Koweit, les Emirats arabes unis et le Qatar se sont déjà alignés sur l'ordre mondial. En Algérie, il reste encore l'un des éléments d'un débat ouvert à ciel ouvert. Face à la faillite d'une bonne partie de la classe politique, les opérateurs économiques et les experts en la matière sont appelés à hausser le ton pour se faire entendre. Les observateurs ne voient pas d'autre alternative que de retourner au week-end universel pour donner à notre pays toutes les chances d'intégrer sans dégâts, l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et négocier en position de force ses engagements avec le partenaire européen.