Quarante mille travailleurs de Sonatrach seront touchés par cette rémunération avant la fin de l'année. Que faire pour préserver les cadres du secteur des hydrocarbures? Comment convaincre ces derniers de travailler à Sonatrach, au moment où les compagnies étrangères paient ces cadres en euros? Telles sont les préoccupations fondamentales de la Fédération nationale des travailleurs du pétrole (Fntp). Celle-ci propose, ni plus ni moins, que de revoir en premier lieu, les salaires. Un nouveau système salarial, orienté vers la rémunération selon les compétences, sera appliqué progressivement pour les 40.000 travailleurs de Sonatrach. C'est ce qu'a révélé, hier, le secrétaire général de la Fédération nationale des travailleurs du pétrole, M.Benazouz. «Nous avons présenté le dossier en question aux responsables du secteur», a-t-il déclaré en marge de la réunion de la commission exécutive de la Fntp, tenue au siège de Sonatrach. Ce système sera appliqué progressivement, a-t-il précisé, pour toucher tous les travailleurs de Sonatrach d'ici à la fin décembre 2007. Il est basé, en fait sur les performances et cible les compétences du secteur. Il ajoute que les métiers de base ressentiront particulièrement l'effet de cette réévaluation des salaires. Une réunion de la commission des conventions de branche se tiendra les 24, 25 et 26 de ce mois pour décider des mesures à prendre dans ce sens. La réunion regroupera, selon M.Benazouz, les représentants de la Fédération et les responsables de Sonatrach. Celle-ci, faut-il le souligner, voit, ces derniers temps, ses cadres fuir vers d'autres compagnies étrangères ou du Moyen-Orient. Le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, a parlé du départ de 40 cadres «au plus». Un chiffre contesté par la fédération. L'ex-secrétaire général de la Fntp, Lakhdar Badreddine, a fait état de 2000 cadres ayant quitté la société nationale en quête d'une rémunération beaucoup plus attractive, proposée par les compagnies étrangères. Ces dernières proposent parfois 16 fois le salaire qu'offre Sonatrach à ses cadres. Néanmoins, l'application de ce système sera une bouffée d'oxygène pour des dizaines de milliers de travailleurs, d'une part, et pour Sonatrach, d'autre part. Il intervient à la suite de la signature des conventions de branche arrêtées lors de la dernière tripartite. Le premier responsable du groupe Sonatrach estime, pour sa part, que les performances qui sont à la base de la création des richesses seront rétribuées et rémunérées. Le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, a indiqué, quant à lui, que Sonatrach a dépensé trois milliards de dollars en six ans pour former 162.000 cadres. Quant au problème des contractuels du secteur, M.Benazouz dira que ce dernier est en train d'être réglé progressivement. Notons que Sonatrach compte pas moins de 2000 travailleurs contractuels et 12.000 en comptant les agents de sécurité. Rappelons que près d'une centaine de travailleurs contractuels de Sonatrach avaient observé, en février 2006, un sit-in devant le siège du groupe pétrolier national pour protester contre la mesure prise par la direction de l'entreprise. Celle-ci avait refusé de renouveler leurs contrats de travail arrivés à terme. Au début de l'année 2005, 93 employés, liés à l'entreprise par des contrats à durée déterminée, ont été licenciés. Sans se faire trop d'illusion sur leur titularisation par l'entreprise, les employés contractuels ont saisi la justice afin d'obliger leur employeur à régulariser leur situation. Par ailleurs, les représentants de la Fntp se sont réunis, avant-hier, avec le ministre de l'Energie. «Nous avons attiré l'attention du ministre sur les difficultés vécues par nos entreprises», lancera M.Benazouz. Deux points importants ont été évoqués à cette occasion. Il s'agit, précisera-t-il, outre le dossier du nouveau système de rémunération, de créer un plan de charge des entreprises du secteur qui sont en difficultés afin de préserver les postes d'emploi. Il est question particulièrement des entreprises de la pétrochimie.