Etonnamment, l'écrivain, qui fut tout d'abord cinéaste, fait son point d'honneur à toujours écrire des livres qui ne sont pas adaptables au cinéma Cinéaste, mais d'abord homme de lettres, prix Goncourt 2005, François Weyergans va droit à l'essentiel. L'écrivain au verbe coloré, bâtit son oeuvre autour de thèmes récurrents et simples: le noyau familial et l'angoisse, principalement à travers ses romans Trois jours chez ma mère, Franz et François et La vie d'un bébé. Si les thèmes abordés dans ses romans semblent directement tirés de sa vie, François Weyergans s'en défend bien, niant faire des récits autobiographiques. «Ce qui est certain, est que nous avons tous, en commun, deux parents, avoir été dans le ventre de notre mère et que nous allons tous mourir», a précisé l'auteur. Après avoir publié un livre sur le père, (Franz et François), l'auteur voulait dédier un livre à la mère (Trois jours chez ma mère). «Je cherchais des choses que tout le monde avait vécues. [...] Le livre Trois jours chez ma mère était, cependant, censé évoquer les souvenirs d'un fils. Mais l'histoire a évolué et la figure de la mère s'est, en quelque sorte, imposée par la suite à cause du titre» L'idée d'écrire un livre sur les mémoires d'un foetus vient également de cette démarche de retour à l'essentiel, de recherche de nos origines. «Je voulais écrire sur quelqu'un qui était seul. J'avais d'abord pensé à écrire sur un cosmonaute dans l'espace, mais je n'aimais pas cette idée. Je me suis ensuite dit que l'endroit où nous avons été les plus seuls, a été le ventre de notre mère et qu'au-delà d'être les enfants de nos parents, nous sommes tous issus de quelque chose de plus grand, le big bang.» Obsédé par l'idée de devoir finir ses romans, François Weyergans voit dans l'acte d'écrire une expérience longue et laborieuse. C'est après plus de cinq ans de travail que son livre Trois jours chez ma mère fut publié. Un livre que ses lecteurs et son éditeur n'attendaient plus. «Ecrire est un acte solitaire qui demande de la concentration. C'est ce qui me pèse. J'envie les gens qui ont un horaire. Je peux écrire quelques pages et m'assoupir, mais le lendemain matin, pourquoi j'écrirais si personne ne me le demande? [...] J'essaie d'écrire des choses très compliquées pour moi. C'est très difficile d'avoir l'air facile» explique-t-il. En effet, les jeux de construction autour d'histoires et de narrateurs qui s'imbriquent les uns dans les autres et tel que se plait à écrire l'auteur, laissent perplexes plus d'un. «On me disait que Trois jours chez ma mère était un livre élitiste et que les lecteurs ne comprendraient pas. Mais non! J'écris des choses simples. Si vous vous ouvrez aux autres, ils s'y retrouveront. Les lecteurs sont narcissiques. Ils aiment se retrouver dans un livre, je le sais, car je suis moi-même lecteur! Il faut aplatir les effets et laisser les lecteurs lire.» C'est au processus d'écriture que l'écrivain franco-belge accorde le plus d'importance. Quelques pages écrites lors d'un bref moment d'inspiration, puis quelques-unes le mois suivant, Weyergans est en constante création même s'il avoue ne jamais savoir où le mèneront ses écrits ni s'ils lui serviront réellement un jour. «Je peux choisir trois mots au hasard et décider que je devrai écrire un paragraphe qui les contiendra. [...] Dans le livre La vie d'un bébé, j'ai décrit toute la scène de la conception du bébé, qui dure environ trois pages, en n'utilisant que du vocabulaire médical. Cela donne un résultat très intéressant, ça tient de la virtuosité!» Etonnamment, l'écrivain qui fut tout d'abord cinéaste fait son point d'honneur à toujours écrire des livres qui ne sont pas adaptables au cinéma et trouve pathétique le rêve de plusieurs auteurs de voir leur oeuvre adaptée au cinéma. «L'ambition d'être projeté au cinéma a tué la littérature française. Maintenant, ce sont les hommes d'affaires, en manque de boulot et les actrices qui vieillissent qui écrivent.»