«La politique de toutes les puissances est dans leur géographie» (Napoléon Bonaparte). Ce qui était prévu est arrivé: l'incapacité des Palestiniens à vivre en paix avec Israël, comme entre eux. Ainsi, ils sont montrés aujourd'hui, comme responsables de leur propre malheur, dédouanant l'Etat d'Israël de toute responsabilité. Depuis quelques années, plus spécialement depuis les premiers accords d'Oslo signés en septembre 1993 à Washington, et devant aboutir, par étapes, à la construction d'un Etat palestinien dans les territoires occupés en 1967, l'Etat hébreu n'a cessé de renier ses propres engagements et de violer, comme à son habitude, les principes du droit international et les résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU. Prisonniers dans leur propre pays, les Palestiniens vivent, jour après jour, leur propre disparition. Israël annonce qu'il se retire de Ghaza, détruit des colonies, négocie la paix...Mais dans la réalité, Israël occupe, de plus en plus, de terres palestiniennes, encourage les colonies, humilie, chaque jour plus, les «arabes», construit des murs de séparation...Aux yeux du monde entier. Aux réactions de la résistance palestinienne, Israël répond par des bombardements, des assassinats, des blocus économiques. Encerclés dans un mouchoir de poche, dans Ghaza, les enfants palestiniens, au bord du désespoir le plus total, mettent leur dernier instinct de survie, aux mains du «Hamas». Lui, peut les protéger des humiliations de l'Etat hébreu, peut les armer pour se défendre. Et ce qui était prévu, arriva. Dès la victoire du Hamas aux législatives de janvier 2006, un blocus est décrété par l'Occident pour isoler encore plus, le peuple palestinien. Le gouvernement du Hamas est déclaré terroriste. Dans le même temps, les services secrets américains et israéliens (CIA et Mossad), fournissaient par les voies égyptiennes et jordaniennes, armements et explosifs. L'armée israélienne intercepte, entre temps, médicaments, alimentation, argent...destinés aux Palestiniens mais ne voit pas passer armes et explosifs si celles-ci alimentent la guerre fratricide entre les factions palestiniennes! En Cisjordanie, où siège l'Autorité palestinienne, Israël laisse quelques espaces de vie, mais empêche la communication entre les deux territoires. Enfin, la propagande sioniste couronne le tout en mettant en évidence la différence de niveau de vie entre Ghaza et la Cisjordanie, en préférant le Fatah de Mahmoud Abbas et condamnant le Hamas. Les frères deviennent, petit à petit, ennemis. «L'ami de mon ennemi est mon ennemi». Un principe mathématique infaillible. L'humiliation, l'isolement, la misère, la manipulation et la division, la violence, tous les ingrédients pour une explosion sont réunis. La guerre entre frères est arrivée. Exilés dans le ventre de leur mère patrie, les frères jumeaux étoufferont, pressés l'un contre l'autre. «Le gouvernement israélien ne veut pas la paix», m'a dit Leïla Shahid, déléguée de l'Autorité palestinienne auprès de l'Union européenne, il y a quelques mois de cela. Sa conviction de la nature belliqueuse et guerrière de l'Etat hébreu, tient de son long combat pour la liberté de son pays, mais surtout de son approche des cercles politiques européens et américains, particulièrement lors de négociations pour la paix au sein du Quartette (ONU, USA, UE et Russie). Les faits lui donnent raison: Israël veut toute la Palestine. Sans les Palestiniens, bien sûr..