Les trois partis sont-ils condamnés à se côtoyer pour se regarder en chiens de faïence? Soltani a révélé, lors de sa conférence de presse, donnée lundi dernier, que son parti n'est pas impatient pour reprendre la présidence tournante de l'Alliance présidentielle. Du haut de la tribune, il a lancé des fléchettes en direction des deux alliés, le FLN et le RND, qu'il accuse ouvertement d'«égoïsme». Le chef de file du MSP énonce les différents dysfonctionnements enregistrés jusque-là. Ils vont du refus de ses partenaires de présenter des listes communes aux législatives, à la matérialisation de cette alliance par des actions politiques sur le terrain, en passant par la mésentente née au sujet de la mouture de la nouvelle Constitution. Soltani reproche à ses partenaires de cantonner cette coalition au niveau de la capitale. Même s'il ne le dit pas textuellement, le MSP refuse cette alliance de salon qui ne peut qu'être une alliance au rabais. Cette nouvelle attaque de Soltani est engagée à la veille de la récupération, par son parti, de la présidence de cette structure politique créée pour les besoins de l'application du programme du président de la République. Mais au fur et à mesure que le temps passe, ce «triumvirat» politique fait apparaître des signes d'essoufflement et des prémices d'éclatement. C'est cette situation d'incertitude qui a prévalu durant la campagne électorale des élections législatives. Les observateurs et analystes politiques ont été unanimes pour prévoir, plutôt qu'attendre, la fin de mission de cette coalition contre nature. Ne réunit-elle pas des concepts idéologiques différents servant de socle au projet de société et de courant politique de chacun des partis? Si le FLN a des choses à partager avec le MSP en matière de conception d'une société conservatrice et fortement attachée à la religion, ce n'est pas le cas de figure entre le RND et le MSP. A eux seuls, Ouyahia et Soltani, présentent une vision contradictoire de la projection de l'Algérie dans le futur. Parfois diamétralement opposée. C'est la raison qui fait dire à de nombreux politiques avertis qu'il s'agit d'«un mariage politique forcé à durée de vie déterminée dans le temps et dans l'espace.» Soltani parle de microcosme politique d'Alger comme seul cadre d'expression de cette coalition. Le porte-parole et chef du groupe parlementaire du RND, Miloud Chorfi, que nous avons sollicité pour connaître la réaction de son parti à la suite de cette soudaine montée au front du président du MSP, a eu cette réplique: «No comment!» Une réplique à l'anglaise qui en dit long sur l'ambiance qui règne au sein de l'alliance. Prié de nous livrer plus de détails, il restera avare en déclarations. Se contentant de rappeler que «Les critiques se font dans le cadre qui sied. C'est dire qu'il y a des structures internes pour un tel débat» et de lancer cette mise au point: «les critiques ne se font pas par PCV!». Ce qui est un sigle signifiant «à PerCeVoir», un service d'appel en téléphonie, où l'«appelé» et pas l'«appelant», comme habituellement, règle le coût de la communication. Que faut-il comprendre par ce langage codé auquel se livrent les partenaires de l'alliance? La spéculation politique s'arrête là où les faits s'expriment. Le MSP n'est pas chaud pour prendre le relais de la présidence. Il est refroidi par la politique «du chacun pour soi», qui est appliquée en son sein. Les trois partis qui soutiennent le programme présidentiel, vivent, en fait, en parallèle ignorant les uns les autres, au point que l'ont peut se demander s'ils sont condamnés à se côtoyer pour se regarder en chiens de faïence?