Ils sont près de 40 millions de déracinés dans le monde, forcés de fuir la faim et la violence. «Les réfugiés sahraouis nous renvoient à notre propre histoire; il y avait 200.000 réfugiés algériens au Maroc et en Tunisie pendant la guerre de Libération», indique la présidente de l'Association femmes algériennes pour le développement (Afad), Mounira Haddad, en préambule de la célébration de la Journée mondiale des réfugiés. A ses côtés, étaient assis Abdelkrim Ghol, représentant du Haut commissariat des Nations unies aux réfugiés (Unhcr) et Nana Rachid du Polisario, au Centre de presse El Moudjahid. Selon la déclaration du président de l'Unhcr, Antonio Guteres, lue à l'occasion de la Journée mondiale du réfugié, «près de 40 millions de personnes à travers le monde ont été déracinées et forcées à fuir la violence et la persécution». Les raisons de cet exode massif ou déplacement de population sont multiples. L'écart entre les pays riches et les pays pauvres, le trafic et la traite d'êtres humains, les dégradations de l'environnement, les catastrophes naturelles, les guerres, les persécutions, la désertification, l'absence de volonté politique, etc. sont autant d'éléments qui accentuent l'intensité du phénomène. «J'ai passé ces derniers jours au Soudan, l'épicentre d'un des plus importants déplacements au monde. J'ai pu constater personnellement les souffrances terribles que cela engendre pour les citoyens ordinaires; j'ai vu également des signes de progrès encourageants», ajoute-t-il avec une note d'optimisme. Mais l'Afrique reste le continent le plus exposé, notamment au Darfour et au Sahara occidental. Viennent après, la Palestine et l'Irak. Le représentant de l'Unhcr estime que la situation des Sahraouis est meilleure qu'en d'autres endroits. Il a vu, par exemple, «des enfants se préparer à partir en excursion; situation qui révèle que quelques enfants profitent de leur enfance, chose qui n'est pas admise pour d'autres dans d'autres parties du monde». La représentante de la Rasd a répondu par un témoignage émouvant sur ce qu'endurent les réfugiés sahraouis dans leur quotidien. Il est vrai que l'Algérie leur accorde cette terre d'asile où ils peuvent survivre en attendant de revenir chez eux mais ce n'est pas non plus le paradis. Les camps regroupent, essentiellement, des femmes et des enfants. Les hommes sont partis lutter ou travailler ailleurs. Le no man's land où ils vivent est souvent exposé aux vents de sable. Ils vivent dans des tentes, sans commodités. Elle révèle qu'elle se déplace d'un camp à un autre sur des kilomètres, souvent par camion, pour rejoindre son lieu de travail. Elle souligne, toutefois, que les Sahraouis résistent parce qu'ils sont plus disciplinés et productifs. Les négociations en cours entre Sahraouis et Marocains sont suivies avec beaucoup d'espoir. «Mais il y a aussi de bonnes nouvelles, comme ici au Soudan, un endroit reculé où des dizaines de milliers de réfugiés font le choix de rentrer dans leur pays dévasté, après des décennies de conflit. Bien que cela soit passé inaperçu, ils rentrent chez eux avec l'aide de l'ONU depuis des camps de réfugiés situés en Ouganda, en République démocratique du Congo, au Kenya, en Ethiopie, et en République centrafricaine. D'autres rentrent d'exil depuis la Libye et l'Egypte ainsi que depuis d'autres régions du Soudan», note Guteres. Créé en 1950, après la Seconde guerre mondiale, l'Unhcr a vu, paradoxalement, le nombre de réfugiés augmenter. Le chiffre est intolérable. Il interpelle l'humanité toute entière.