L'émissaire américain devait rencontrer, hier en soirée, le président Yasser Arafat, après avoir eu un entretien, jeudi, avec Ariel Sharon. Le premier impact de la présence du médiateur américain au Proche-Orient s'est traduit par le retrait des troupes israéliennes de Ramallah, occupée presque en totalité mardi, sauf le secteur où se situaient les bureaux de M.Arafat, et des autres centres urbains palestiniens de Cisjordanie et de Ghaza. Cependant, selon la presse américaine, ce retrait s'est effectué suite à l'injonction du secrétaire d'Etat Colin Powell à la veille de l'arrivée de l'émissaire au Moyen-Orient, le général à la retraite Anthony Zinni. Le général Powell a, ainsi, dans «une demande franche», appelé Sharon à ne pas «gêner les efforts américains pour un cessez-le-feu», rapportait, hier, Le New York Times. Il est évident que les Américains, qui semblent vouloir s'impliquer de nouveau, ne veulent pas que la mission de leur médiateur échoue avant même que de commencer. Ce qui, de fait, incita le chef du gouvernement israélien, Ariel Sharon, à mettre un bémol à ses déclarations outrancières contre les Palestiniens informant même M.Zinni, qu'il était prêt à engager des «négociations avec les Palestiniens dès la conclusions d'un accord de cessez-le-feu». Mis au pied du mur, Sharon s'est déclaré, pour la première fois depuis sa prise de fonction, «prêt à activer la commission mixte israélo-palestinienne» qui ne s'est plus réunie depuis le 7 mars de l'année dernière. Des Palestiniens sont encore morts hier, trois en Cisjordanie et deux à Ghaza suite à des tirs de l'armée israélienne. Toutefois, il convient de relever que la journée d'hier aura été la moins meurtrière pour les Palestiniens depuis plusieurs semaines. Conséquence directe, faut-il le souligner, de l'intervention américaine qui, a eu pour résultat de refroidir l'ardeur belliqueuse et criminelle d'Ariel Sharon. Aujourd'hui, comme l'a encore rappelé le Conseil de sécurité de l'ONU, dans le vote de la résolution 1397, la solution du contentieux proche-oriental est politique et ne peut se réaliser qu'avec l'existence d'un Etat palestinien dans des frontières sûres. Plus tôt les Israéliens comprendront, enfin, le droit imprescriptible des Palestiniens à un Etat indépendant, plus tôt la sécurité pour tous sera assurée. Ce que réitéra, hier, l'ex-sénateur George Mitchell, qui présida l'an dernier la commission de l'ONU (sur les graves incidents de l'Esplanade des Mosquée à El-Qods-Est provoqués, en septembre 2000, par la profanation par le leader de la droite israélienne, Ariel Sharon. Incidents, rappelle-t-on, qui ont été le point de départ de la seconde Intifadha palestinienne), selon lequel, «Israéliens et Palestiniens doivent comprendre que la seule solution est politique alors que la situation au Proche-Orient est devenue intolérable». Le plan de paix, dont la commission Mitchell est à l'origine, n'a jamais pu être mis en oeuvre du fait de l'opposition des Israéliens à son application. L'émissaire américain, Anthony Zinni, qui a fait peu de déclarations, devait rencontrer, hier dans la soirée à Ramallah, le président palestinien, Yasser Arafat, pour passer en revue la situation prévalant dans la région. A cette occasion, M.Arafat devra proposer au médiateur américain un plan palestinien sur le cessez-le-feu. Selon des indications du négociateur palestinien, Saeb Erakat, ce plan consistera, pour l'essentiel, dans la mise en pratique «du plan Tenet et du rapport Mitchell, afin de mettre un terme à l'occupation israélienne des villes et villages palestiniens», précisant que la proposition portera aussi sur «la fin totale du bouclage, de l'agression et de l'escalade militaire israélienne contre le peuple palestinien». Ainsi, Anthony Zinni, arrivé au Proche-Orient, jeudi, en rencontrant l'ensemble des acteurs du drame proche-oriental, veut, cette fois-ci, réussir ce qu'il n'a pu réaliser lors de ses deux précédents voyages au Proche-Orient. Aussi, le retrait israélien des centres urbains palestiniens est le résultat de la demande du secrétaire d'Etat américain, Colin Powell et d'une exigence d'Anthony Zinni qui rencontra jeudi Ariel Sharon, et les ministres israéliens des Affaires étrangères et de la Défense, Shimon Peres, et Binyamin Ben Eliezer.