L'UMA réussit à réunir Algériens et Marocains pour parler union, économie et commerce sans jamais évoquer la question sahraouie. Le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, M.Zerhouni, a effectué, hier, une visite de travail au Maroc, invité par son homologue marocain, M.Driss Djettou. Cette visite a été prévue, insiste-t-on, depuis le mois de novembre dernier et ce, pour l'évaluation des relations bilatérales entre les deux pays. Il est question, en outre, de la prochaine tenue du sommet de l'UMA. Le ministre des Finances avait eu, également, des entretiens avec les responsables du royaume chérifien concernant, cette fois, les possibilités de coopération économique entre l'Algérie et le Maroc et la création d'une entité économique régionale. Dans ce cadre, les ministres maghrébins présents à la 11e session de la commission maghrébine de l'économie et des finances, ont décidé de créer une zone de libre-échange, de même qu'une banque maghrébine pour le commerce et l'investissement extérieur. Un groupe sera même chargé de la nomenclature douanière des pays de l'UMA. Des démarches intéressantes et probablement indispensables vu la nécessité devant laquelle se trouvent les pays nord-africains de s'organiser en une entité commerciale sérieuse. Des problèmes autrement pratiques risquent toutefois de contrecarrer les belles aspirations des ministres maghrébins. M.Medelci avait bien précisé, avant son départ, que l'Algérie tenait à apporter une forte contribution à la relance des programmes de développement commun tant sur le plan économique et financier que sur «les autres plans, je l'espère», a-t-il cru bon d'ajouter. En effet, sur le terrain, la question du Sahara occidental continue toujours d'empoisonner les relations bilatérales que la visite de Zerhouni, justement, ne saurait évacuer. Continuant formellement de se côtoyer, les officiels des deux pays respectent dans ce cadre une règle très stricte. Ne point aborder un problème qui n'est pas inscrit à l'ordre du jour. La dernière visite de Ziari au Maroc, effectuée alors que la tension entre les deux pays voisins avait, encore une fois, atteint son paroxysme, n'avait, en aucun cas, débordé et aucune allusion, du côté algérien du moins, n'a été formulée concernant la question qui faisait rage. De sources bien informées, il est rapporté que lors de cette même réunion, organisée dans le cadre de la préparation du sommet de l'UMA, on a tout bonnement évacué de la table des discussions, le chapitre portant le problème de désertification. Les responsables ont jugé prudent d'occulter cet aspect-là pour, décidément, ne pas avoir, du tout, à évoquer le terme «Sahara» et pour que le Maroc n'ait point à soulever le problème de désertification provenant justement de ses très problématiques «territoires sud». Il reste à savoir, maintenant, combien de temps tiendra-t-on cette cadence? L'UMA, il va sans dire, n'est même pas à considérer si ce problème n'est pas réglé définitivement. La position algérienne reste la même et l'OUA vient juste de la conforter en annonçant que la question sahraouie est une question de décolonisation. Le Maroc, en revanche, ne cache pas sa volonté d'entamer des négociations directes avec l'Algérie en vue d'arriver à «une solution à l'amiable», a déclaré M.Benaïssa, ministre des Affaires étrangères marocain, au Financial Times. Le ministre alaouite est allé jusqu'à dire que la question est finalement d'ordre bilatéral, un problème entre l'Algérie et le Maroc. «Nous n'encourageons pas, a-t-il dit, les Nations unies à se retirer. Cependant, si les Algériens acceptaient d'entamer des discussions, nous arriverions à une solution à l'amiable parce que, a-t-il encore insisté, le problème est algéro-marocain.»