Pourquoi? C'est la question lancinante qui se pose quant à l'organisation d'une telle réunion. Alors que la Palestine est coupée, géographiquement et politiquement, en deux entités, le président égyptien, Hosni Moubarek, a invité, hier, ses homologues jordanien et israélien à une rencontre avec le président Mahmoud Abbas, sur les bords de la station balnéaire de Charm El Cheikh, pour «relancer le processus de paix» israélo-palestinien. Cette rencontre, décidée discrètement, se fixe, selon les premières informations, de mettre en place une stratégie aux fins de conforter le gouvernement d'urgence de Mahmoud Abbas en Cisjordanie, et d'isoler totalement le Hamas dans la Bande de Ghaza. Le chef du gouvernement de l'Etat hébreu a annoncé, déjà, la libération des avoirs financiers palestiniens d'un montant de plus de 600 millions de dollars. Une deuxième mesure consistant à lever progressivement les quelque 500 points de contrôle et barrages de l'armée israélienne qui encercle la Cisjordanie, est à l'étude sous certaines conditions. La plus importante pour Israël étant l'engagement clair et entier du gouvernement de M.Abbas à combattre et à neutraliser les groupes amés du Hamas. Ce n'est que lorsque le gouvernement de M.Abbas en Cisjordanie sera, selon M.Ehud Olmert, «stable, fort et déterminé à en finir avec le Hamas», que les pourparlers de paix pour la construction d'un Etat palestinien pourraient reprendre. Au final, Israël est arrivé à ses fins: réduire un futur et éventuel Etat palestinien à la seule Cisjordanie. Que deviendra Ghaza et sa population? Un territoire israélien? Car, quels que soient les accords qui se concluront entre Israël, l'Egypte, la Jordanie et l'assentiment du gouvernement de Mahmoud Abbas, ils ne peuvent aboutir à la paix, tant que les Palestiniens de Ghaza seront considérés comme des pestiférés, des ennemis. Abbas ira-il jusqu'à sacrifier le peuple de Ghaza pour sauver son pouvoir en Cisjordanie? Nous sommes bien dans un plan de sécession de ce qui reste du territoire palestinien, dans lequel Israël veut entraîner Mahmoud Abbas. Pour isoler et faire tomber les islamistes du Hamas, c'est la population de Ghaza qui est prise en otage. Sa situation empire entre l'inconscience des activistes du Hamas et la répression de Tsahal, l'armée israélienne. Et les politiques israéliens, notamment le «Kadima», le parti d'Ehud Olmert, remettent, encore une fois en cause, le retrait, en 2005, des troupes de Tsahal de la Bande de Ghaza. Voici l'occasion inespérée pour Israël d'y revenir. Mais cette fois-ci, avec l'accord des voisins arabes et des Palestiniens eux-mêmes. Qui conduira la résistance palestinienne? Le Hamas islamiste exclut, pour des raisons idéologiques évidentes, il ne restera aux Palestiniens que la rue. Une troisième Intifadha. Peut-être jusqu'en Cisjordanie même. La paix ne peut être partielle en Palestine. Elle ne peut se faire sans le peuple de Ghaza. C'est ainsi depuis 1948.