Le cri de guerre lancé par la ministre israélien des Affaires étrangères, Tzipi Livni, à partir de la capitale égyptienne, Le Caire, a signé la fin de la prétention égyptienne à vouloir être à la tête de la diplomatie arabe. La rue arabe a jeté en pâture cette prétention égyptienne et l'a d'ailleurs fait savoir en manifestant sa colère contre l'Etat égyptien, l'accusant de complicité avec Israël. Même en usant de tentatives de médiation pour obtenir le cessez-le-feu, Hosni Moubarek s'est attiré les foudres et l'opposition des peuples arabes qui lui reprochent d'être juge et partie. Le fait de maintenir le terminal de Rafah fermé est une autre insulte que Moubarek assène à la face des Palestiniens martyrisés de Ghaza. Les policiers égyptiens n'hésitent pas à tirer des balles en l'air pour éloigner les Palestiniens de la frontière égyptienne. Le chef du Hezbollah, le Libanais Hassan Nasrallah, a appelé le peuple égyptien à « descendre par millions dans la rue pour forcer l'ouverture du terminal entre l'Egypte et la bande de Ghaza ». Le même responsable politique, qui assure ne pas appeler à un coup d'Etat en Egypte, invite les officiers de l'armée égyptienne à faire pression sur Moubarek pour ouvrir ce terminal, « sans quoi ils deviendraient complices du massacre et du blocus ». Face à ces accusations, l'Egypte maintient sa culpabilisation du mouvement Hamas « d'avoir provoqué » les raids israéliens en mettant fin à la trêve le 19 décembre. Le chef de la diplomatie égyptienne, Ahmed Abou El Gheit, qualifie la déclaration de Nasrallah de « déclaration de guerre » et justifie le maintien du terminal de Rafah fermé par le fait que « les mouvements palestiniens continuent à poursuivre la confrontation armée avec Israël ». Abou El Gheit conditionne la réouverture des points de passage par le retour à la trêve à l'heure où les Palestiniens tombent par dizaines sous les bombes israéliennes. Les responsables du Hamas accusent l'Egypte « d'asphyxier Ghaza dans le but d'affaiblir leur mouvement et de lui imposer une réconciliation avec le Fatah de Mahmoud Abbas qui profiterait à ce dernier ». Ceci, alors que Le Caire soutient que sa position est dictée par « le respect de l'accord fixant les modalités de fonctionnement du terminal de Rafah ». Que peut bien valoir un accord devant la détresse d'un peuple ? Ramadan Challah, influent dirigeant du Djihad islamique, a pourtant souligné que c'est « Israël qui n'a pas respecté ses engagements de lever le blocus ». Le même dirigeant affirme que les mouvements palestiniens à t prêts à « considérer positivement une reconduction de la trêve à condition d'un cessez-le-feu et une levée du blocus ». Il semblerait aussi que la fermeture du terminal n'obéit pas à la seule volonté de respecter l'accord signé. L'Egypte entend ne pas avoir le mouvement Hamas comme voisin, de peur que l'influence islamiste ne trouve un répondant du côté des territoires égyptiens, comme l'a déjà souligné Moustafa El Feki, député du Parti national démocrate de Moubarek, en affirmant que « l'Egypte ne peut supporter un Emirat islamique à sa frontière est ». L'attitude égyptienne, associée à celle du Fatah et aux pressions israéliennes, resserre l'étau sur le Hamas. Ce dernier se trouve entouré d'hostilité. Devant une telle montée de tension entre l'Egypte et le Hamas, quel poids pourrait avoir la réunion extraordinaire des ministres arabes des Affaires étrangères prévue demain au Caire pour tenter de trouver une solution à la crise. C'est le maintien même de la présidence égyptienne à la tête de la Ligue arabe qui est aussi à poser.