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Renaître dans l'inconnu
ANASTASIA DE RACHIDA TITAH
Publié dans L'Expression le 27 - 06 - 2007

La nouveauté n'est pas surprenante, dès lors que tant de fulgurantes amours n'ont pas résisté à la séparation des âmes.
L'histoire est un appel au secours, celui de la Russe et douce Anastasia à Salim l'ami de son mari Mounir. Elle n'en est pas au premier; elle avait déjà sollicité maintes fois cet ami d'exception; elle voudrait lui dire de toutes ses fibres encore vibrantes de la souffrance que lui imposent en même temps et l'inéluctable séparation d'avec Mounir et «tout ce qui est douloureux en elle: la tête, le cou, les jambes...Une jambe lui fait très mal...» De cette histoire tragique, Rachida Titah a fait une peinture d'une vie à une époque précise, celle de l'Algérie des années qui ont suivi la perte du président Boumédiène et en a fait un premier roman Anastasia - Pourquoi a-t-il fallu que tu te perdes à Alger?(*).
Le titre pourrait ou devrait paraître énigmatique, et plus si l'on se réfère à l'origine grecque de ce prénom qui, dit-on, signifie «née une nouvelle fois». Anastasia qui, pour Rania, sa cuisinière et amie fidèle, devient «´´Assia´´, prénom féminin usité en Algérie», a connu Mounir étudiant à Leningrad lors d'une première rencontre avec des étudiants algériens et d'une seconde, fortuite, avec ce jeune homme qui sera nommé par elle «Yeux de velours». Dès le début, leurs relations sont plaisantes à l'une et à l'autre, «Tout semblait aux uns et aux autres, concernant leurs us et coutumes, à la fois étrange et merveilleux». Bientôt, ils commencent à s'attacher l'un à l'autre, à s'aimer, car trop de choses humaines, politiques et historiques les rapprochent. Mais, hélas! une suite de malentendus les surprennent à Alger, les jetant, progressivement de jour en jour, vers de nouvelles exigences de vie où se dresse intraitable la propre réalité de chacun. Le portrait d'une femme se détache d'un milieu masculin hostile, la précipitant, sous l'emprise permanente d'un indigne comportement social, brutalement dans un cauchemar où l'on découvre une Anastasia malade, cruellement blessée, qui vient de découvrir son époux mort au bas du coupable escalier dont elle-même avait toutes les raisons de craindre. À demi consciente, elle reste les yeux fixes et hagards, n'ayant plus la notion du temps: «Je viens de découvrir il y a cinq minutes, ou bien cinq heures, mon époux désarticulé sur les marches de l'escalier, chez nous, dans la maison. J'ai su tout de suite qu'il était mort. J'avais le sentiment que cela devait arriver, cela ne m'étonnait pas. Est-ce normal? Suis-je normale? Ne suis-je pas censée crier, hurler, pleurer, me lamenter? Ai-je réussi à anesthésier tout sentiment envers mon époux, comme je le voulais? Toutes les pilules que j'ai dû prendre face à la trahison, l'humiliation, les insultes auraient donc abouti à cela? Voir mort cet homme que j'ai tant aimé, cet époux que je devais pleurer aujourd'hui, que j'ai soudainement, terriblement, envie de pleurer. J'ai un grand trou à la place du coeur...» Trente ans ont passé!
Pour connaître toute l'histoire, les tenants et les aboutissants de cette vie née d'un amour ardent entre Mounir, un étudiant algérien futur cadre et Anastasia, une étudiante russe dont le «père, ancien professeur de physique à l'université lui avait tant parlé de la cause algérienne», il faut évidemment lire, analyser et discuter point par point, le livre écrit par Anastasia, sous la plume incisive et juste de Rachida Titah. Ce grand amour s'est concrétisé sous le trop grand charme d'un mariage mixte pour finalement sombrer dans l'incompréhension, l'incertitude et le drame à cause d'un groupe social, ici et là, rendu stupide par des croyances inhumaines, c'est-à-dire égoïstes, voire sauvages et hors de toute civilisation. Pourtant, personnages en situation et scènes insolites sont crédibles.
L'auteur, née à Tlemcen en 1959, enseignante et membre d'Amnesty International, est entrée en littérature avec La Galerie des absentes (essai, 1996) et Un ciel trop bleu (nouvelles, 1997). Incontestablement, son oeuvre s'annonce comme essentielle dans la peinture des relations humaines et spécialement dans le domaine sensible des mariages mixtes. Cependant, posée sous le titre Anastasia, la question «Pourquoi a-t-il fallu que tu te perdes à Alger?» ne serait-elle pas ambiguë, peut-être désobligeante? Car elle rappelle, par bien des aspects très discutables, l'histoire de Simone B. dans Mektoub du Capitaine A. et Yvon de Saint-Gouric, paru en 1923 à Alger. Mais il est vrai qu'en ce temps-là, ces coauteurs, dans un pays conquis, pouvaient faire dire à Simone B., leur héroïne: «Voilà, mes amis, voilà ce qu'il faut dire, sans rien changer, très simplement, comme je vous l'ai conté, avec, avant tout, le souci de l'exactitude et, aussi, le souci de notre avenir en Afrique.» Certes, cela était «autre chose», mais, encore aujourd'hui, l'ignominie n'est pas illusion...!
(*) ANASTASIA
de Rachida Titah
Editions Alpha, Alger, 2007, 222 pages.


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