A propos de la révision de la Constitution, M.Ouyahia estime qu'il s'agit d'«une initiative que peut prendre le président de la République...» Ahmed Ouyahia n'y est pas allé par trente-six chemins. S'exprimant jeudi sur les ondes de la Chaîne II de la Radio nationale, il dresse son tableau sur la situation politique, sécuritaire, économique et sociale de l'Algérie. Au moment où le chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem, répondait aux questions des députés sur son programme, son prédécesseur, Ahmed Ouyahia, réitère ses positions vis-à-vis de l'action du gouvernement. S'exprimant sur le programme du gouvernement, le secrétaire général du RND a souligné qu'il s'inscrit dans «la concrétisation du programme du président de la République». L'invité de la Chaîne II a insisté sur le fait qu'«il n'y a pas de divergence ou de convergence» entre le programme du RND et celui du président de la République, «mais plutôt il y a une complémentarité et une contribution» entre les deux programmes. Pour étayer ses dires, il cite l'exemple des investissements. «Notre programme apporte des propositions pour faire mieux en matière de soutien à l'investissement, c'est le même cri de détresse réitéré par le chef de l'Etat qui a appelé à son tour au soutien à l'investissement», précise-t-il. Interrogé sur le bilan de l'actuel gouvernement, le SG du RND a confirmé que «beaucoup de choses ont été faites, beaucoup de chantiers sont en cours de réalisation et beaucoup de choses restent à faire». «Il faut dire ce qui en est. Les projets ont beaucoup avancé, mais sans atteindre les objectifs escomptés». Autrement dit, «les citoyens affrontent encore beaucoup de problèmes tels le logement et le chômage» et d'autre maux, a t-il expliqué. Et de «féliciter» son «frère Abdelaziz» et son gouvernement pour l'adoption du programme gouvernemental par la chambre basse. L'autre point abordé par Ouyahia, toujours sur le volet politique, est relatif à l'amendement de la loi électorale. A ce propos, M.Ouyahia a indiqué que l'introduction par l'Exécutif de l'amendement de la loi électorale a pour but d'apporter «quelques réglages sur un certain nombre de points pour assainir la pratique électorale». A cette occasion, il réaffirme que son parti «soutient et approuve» cet amendement. Explication: «Cet amendement ne signifie nullement la dissolution de quelques partis politiques», auxquels Ouyahia a «rendu hommage pour leur mission et leur rôle assumé durant les années» de la tragédie nationale. «Il faut le reconnaître, ces partis ont toujours répondu présent au moment où l'Algérie était face au cauchemar de la conférence nationale de janvier 1994 pour continuer à gérer le pays, et aussi, lorsque l'Algérie a mis en place le Conseil national de transition». L'enjeu d'après lui, consiste «à nettoyer la politique du business, de l'argent sale et de pratiques qui ne sont pas faites pour honorer ni la démocratie, ni les partis politiques algériens, quels qu'ils soient». Et d'aller plus loin «tout le monde est au courant de la réalité du terrain. On sait très bien que des partis vendent leurs formulaires, à des dizaines de millions de dinars, à des candidats pour qu'ils n'aillent pas collecter les signatures». Pour Ahmed Ouyahia, l'amendement de la loi électorale «introduit des normes qui ne sont pas une exclusivité algérienne». A propos de la révision de la Constitution, M.Ouyahia a rétorqué qu'il s'agit d'«une initiative que peut prendre le président de la République, et le jour où il la prendra, le RND sera là». Sur le volet sécuritaire, l'invité de la Radio a recommandé que l'Algérie «doit renforcer et développer les moyens collectifs de la sécurité et accélérer les réformes de la justice en durcissant davantage la répression du crime». Interrogé par L'Expression, sur le phénomène du kidnapping, M.Ouyahia a répondu que «les Algériens qui se sont débarrassés de l'hydre du terrorisme ne doivent pas être pris au collet par l'hydre du banditisme». Ouyahia a évoqué, également, la nécessité de la réintégration des «patriotes». Ils étaient aux cotés du pays dans les moments difficiles et on doit leur donner leurs droits aujourd'hui, propose-t-il. S'agissant du sujet économique, Ahmed Ouyhia a appelé à la «libération et l'encouragement de l'investissement, la baisse des impôts et des charges sociales pour les entreprises créatrices de richesses ainsi que la poursuite des réformes dans tous les secteurs». L'ancien chef de gouvernement a avoué, en outre, que «la bureaucratie et certaines idéologies freinent les investissements», et de préciser que «les entreprises nationales doivent servir de modèle pour les sociétés étrangères». Enfin, à une question relative à l'ouverture du champ médiatique, il a mis en garde contre «le passage brutal d'un champ audiovisuel à 100% public à un champ à 100% privé», en le qualifiant de «lubie» et de «risqué». Il propose, toutefois, qu'«on peut avancer par des canaux à capitaux mixtes qui gardent une clé sur la sécurité nationale et la moralité».