Depuis l'annonce de la création de la branche d'Al Qaîda au Maghreb islamique, les pays européens n'ont de cesse de redoubler de vigilance. Le spectre d'une éventuelle attaque terroriste plane toujours sur le ciel européen. L'Europe est aux aguets. «La menace terroriste est à un niveau très élevé actuellement en Europe, surtout en France, et dans le Maghreb», a indiqué, jeudi à Madrid, le juge antiterroriste français Jean-Louis Bruguière. Désormais, la sonnette d'alarme est tirée. Les mises en garde du juge Bruguière peuvent s'avérer fondées, notamment avec la découverte de plusieurs engins explosifs dans les différentes parties du Vieux Continent. A Londres, un engin explosif a été découvert dans une voiture garée à Haymarket, près de Picadilly Circus, l'un des quartiers les plus touristiques de Londres. A Aix-en-Provence, dans le sud de la France, une voiture, où étaient entreposés des explosifs ainsi que deux bouteilles de gaz, a été découverte, jeudi après-midi, en plein centre du village de Luynes (Bouches-du-Rhône). Ces découvertes ont laissé libre cours aux plus folles spéculations. Pour le juge antiterroriste français, la menace sur l'Europe puise ses sources de la situation délicate prévalant actuellement en Irak. C'est la problématique irakienne «qui a alimenté des réseaux implantés en France», estime le magistrat français, qui cite également parmi les pays menacés l'Espagne et l'Italie. Même si la guerre en Irak pouvait avoir un lien direct avec les menaces terroristes auxquelles l'Europe pourrait faire face, il n'en reste pas moins que la nébuleuse terroriste d'Al Qaîda est pointée du doigt. Depuis l'annonce, en septembre 2006, de la création de la branche d'Al Qaîda au Maghreb islamique, les pays européens n'ont de cesse de redoubler de vigilance. La menace terroriste ne s'est accentuée que davantage avec les attentats suicide commis à Alger et à Casablanca, au mois d'avril dernier. La capacité de recrutement dans les différents pays du Maghreb, dont la branche d'Al Qaîda au Maghreb, se montre capable, plus que jamais, peut mettre de l'huile sur le feu. Il faut rappeler, dans cette optique, la découverte par les services de sécurités algériens, en mai dernier, d'un camp d'entraînement d'Al Qaîda, dans le Sud algérien, et un autre à Thénia, dans la wilaya de Boumerdès. Plusieurs autres cellules de recrutement, pour l'Irak et les maquis terroristes en Algérie, ont été découvertes à travers le territoire national. Selon le juge français, «l'ex-Gspc représente une double menace». «Il veut faire imploser le Maghreb, notamment l'Algérie, où il a déjà commis des attentats, mais aussi le Maroc où il y aura bientôt des élections, et la Tunisie, et veut aussi exporter la violence en Europe». Le magistrat a également souligné l'«incontestable et non négligeable risque» représenté par les islamistes radicaux recrutés en Europe et au Maghreb pour combattre en Irak. «On est confronté à une nouvelle génération. Ce sont les islamistes européens et maghrébins récupérés par le Gspc qui sont envoyés en Irak pour combattre mais aussi pour s'entraîner et être formés à commettre des attentats en Europe», a-t-il déclaré. «C'est ce qu'on appelle les filières irakiennes, comme il y a eu avant les filières afghanes, tchétchènes ou bosniaques», a rappelé le magistrat français Jean-Louis Bruguière. En Europe, toutes les menaces terroristes sont prises au sérieux. La vigilance est à son haut degré, notamment à Londres où on s'apprête à célébrer le 2e anniversaire des attentats du 7 juillet 2005, qui avaient fait 56 morts. Par ailleurs, le chef du FBI, Robert S. Mueller, s'est entretenu, hier, avec les responsables sécuritaires marocains. Lors de sa rencontre avec le ministre marocain de l'Intérieur Chakib Benmoussa, les deux hommes ont affiché leur satisfaction quant aux résultats de la coopération entre les services de sécurité, notamment en matière de lutte contre le terrorisme et le crime transnational organisé, a affirmé l'agence marocaine MAP. A noter que les Etats-unis ont affirmé à plusieurs reprises être préoccupés par la constitution de la branche maghrébine d'Al Qaîda. En février 2006, M.Mueller avait proposé, lors d'une visite au Maroc, des échanges d'informations rapides entre les Etats-Unis et les pays du Maghreb pour prévenir les attaques terroristes.