«En toute humilité, explique-t-il, je reconnais avoir commis, là, une faute.» Il est réputé pour être l'homme des grands dossiers que les ex-secrétaires généraux de l'ONU, Kofi Annan et Boutros Ghali chargeaient des missions difficiles de restauration de la paix dans le monde. Il vient de livrer quelques-unes de ses confidences à la presse nationale. Il a traversé les temps pour servir son pays et la paix dans le monde entier. Emissaire de la paix, il fait partie de la famille des intellectuels algériens formés durant la guerre de Libération. Mohamed Seddik Benyahia, M'hamed Yazid et Abdelkader Tchanderli sont de sa génération. Celle qui a porté la voix de l'Algérie et de sa Révolution sur l'arène diplomatique internationale. Il a livré un entretien fleuve à deux organes de la presse nationale dans lesquels il se dévoile. Modeste, il répondra à la demande de donner une explication au succès ayant couronné les actions diplomatiques de cette génération de cadres algériens, porte-voix de la guerre de Libération nationale par cette phrase significative à plus d'un titre: «C'est la Révolution algérienne qui a porté les diplomates algériens, ce ne sont pas les diplomates algériens qui ont porté la Révolution algérienne.» Se sachant infaillible, il reconnaît sans ambages ses erreurs. La diplomatie est un art que les politiques manient suivant leur savoir-faire, leur culture et leur expérience dans le domaine. Il reconnaît volontiers avoir commis des erreurs durant son parcours comme l'acceptation du rôle de médiateur dans le conflit qui sévit en Irak. «En toute humilité, explique-t-il, je reconnais avoir commis, là, une faute». Sa mission dans cette guerre voulue par les Américains n'avait aucun objectif. Elle a été lancée dans une impasse. Sa rampe de lancement dans la vie politique commence juste après avoir été élu vice-président de l'Aeman (Association des étudiants musulmans d'Afrique du Nord) à Alger en 1954. Il prend, par la suite, une part active à la création de l'Ugema dont il est vice-président. Il accompagnera la Révolution algérienne jusqu' à l'indépendance. Il sera chargé de diffuser la vision de l'Algérie sur l'arène internationale. Les années soixante-dix et quatre-vingt seront les périodes fastes de la diplomatie algérienne. Il en est l'un des artisans. Son savoir-faire le mènera à l'ONU où il se distingue par les succès des actions qui lui sont confiées pour le règlement de plusieurs conflits dont celui de l'Afghanistan. Ses exploits et ceux de ses compagnons émaillent la scène internationale et restent difficiles à égaler d'autant plus comme l'a soulevé l'auteur de l'interview, M.Chafik Mesbah, un politologue, le remplacement de cette génération qui a porté la diplomatie algérienne au-devant de la scène internationale reste posée. On ne renouvelle pas à coups de diplômes des professionnels de la diplomatie issus de l'école du militantisme FLN qui a gagné sur les deux fronts: lutte armée et diplomatie. Ayant tissé des rapports très privilégiés avec le président égyptien Nasser alors qu'il était ambassadeur au Caire, il a côtoyé l'éminent politologue et journaliste égyptien, Hassaneine Heykel, qui fait office, actuellement, d'une référence internationale de grande crédibilité en matière d'analyses politiques régionales et internationales. La chaîne Al Jazeera lui consacre justement une large tribune. Le président Boumediène, dit l'auteur, se prend, en effet, d'attention affectueuse pour Lakhdar Brahimi qu'il reçoit régulièrement en tête-à-tête. Lakhdar Brahimi a mis fin à sa fonction au sein de l'administration onusienne le 31 décembre 2005. En septembre 2006, il est nommé membre de l'Ecole des sciences sociales à l'Institut des Etudes avancées (Institute for Advanced Study) de Princeton, prestigieux établissement universitaire américain. Lakhdar Brahimi est Docteur Honoris Causa de l'Université américaine de Beyrouth, de l'Université britannique d'Oxford, de l'Université française de Nice (Faculté de droit) et de l'Université italienne de Bologne (Faculté de droit). Il est l'une des fiertés de la diplomatie algérienne d'une génération qui aurait dû faire école.