Il accuse vertement des parties qu'il ne cite pas, «de faire de l'intérêt personnel une obsession au détriment de celui de la nation». Œil pour oeil. Dent pour dent. M.Abdelaziz Belkhadem, chef du gouvernement, sort de son mutisme. Il a réagi, hier, aux tirs croisés des sénateurs du RND et du tiers présidentiel. «J'ai entendu, durant ces trois derniers jours, des positions qui vont dans le sens du poil et des critiques sévères non fondées. J'aimerais préciser que, certainement, ce n'est pas ces avis qui aideront le pays à réaliser le développement escompté. Loin s'en faut», a-t-il affirmé, au début de son intervention consacrée à la réponse au débat sur le programme du gouvernement. A partir de la chambre haute, Belkhadem a rappelé à ses alliés que le programme qu'ils ont critiqué lundi, «s'inspire de celui du président de la République», mettant les sénateurs devant leurs responsabilités. Avant de poursuivre: «L'application du programme gouvernemental exige l'implication de toutes les institutions de l'Etat». «L'Exécutif n' assume pas, à lui seul, cette responsabilité.» Apparemment extrêmement gêné par la sortie, pas du tout attendue, de certains députés du tiers présidentiel et du RND. Belkhadem a bel et bien décidé de défendre «son bilan.» Sans aucune réserve, ni ambiguïté, il accuse vertement des parties qu'il ne cite pas, «de faire de l'intérêt personnel une obsession au détriment de celui de la nation», il ne s'arrêtera pas là. Belkhadem pense que ces personnes ont un seul objectif: «S'enrichir davantage et sans cesse, peu importe le moyen.» Le chef du gouvernement a prononcé ces déclarations, les yeux dirigés vers les sénateurs. En, effet, ce dernier est sorti de son discours écrit pour remettre «les pendules à l'heure». Les sénateurs ont bien saisi le message. Cela n'arrive que rarement, mais ce coup-ci, ils ont utilisé leur droit constitutionnel garanti par l'article 80 de la Constitution pour présenter une résolution qui a pris les allures d'un «message d'excuses» destiné au chef du gouvernement. En effet, la résolution en question, a même invité le gouvernement à s'engager davantage et avec plus de rigueur dans l'application et la mise en oeuvre des reformes judiciaires, économiques, le reste est venu confirmer que le «lapsus» de lundi n'était qu'un nuage passager. Et pour cause, la résolution signée par 32 sénateurs appartenant aux RND, MSP, FLN et au tiers présidentiel, conforte de prime abord... «la consistance de l'intervention du chef du gouvernement dont le programme obéit fidèlement à la volonté et aux exigences du président de la République.» Les sénateurs ont révisé leurs positions et estiment que «le gouvernement fournit des efforts considérables pour mener au mieux les différents programmes de développement». Ce n'est pas tout, ils ont déclaré leur appui indéfectible à M.Abdelaziz Belkhadem. La résolution a été votée par la majorité. Les sénateurs du RCD l'on rejetée sachant qu'ils n'ont pas été consultés par les initiateurs de la résolution. Qu'est-ce qui motive ce revirement de position? Les sénateurs que nous avons interrogés refusent de parler de recul et estiment que la résolution «résume l'esprit des débats.». Belkhadem sort vainqueur d'une bataille qui n'a duré en fin de compte qu'une seule journée. Interrogé en marge de la plénière, ce dernier, très confiant, atteste que la résolution «reflète un soutien sans ambages au gouvernement» ce qui l'amène à dire que «les critiques prononcées au début de son discours n'étaient pas destinées à l'Alliance ni au RND».