Le projet de Barcelone avait échoué en raison de l'orientation du débat biaisé. «Je crois pouvoir dire que le président Bouteflika est devenu un ardent défenseur de cette idée, de même que le président Ben Ali», a déclaré Nicolas Sarkozy, lors d'un point de presse en marge de sa visite en Tunisie. L'idée d'Union méditerranéenne lancée par le président français, dès son arrivée à Alger, est reprise à Tunis, dans une seconde tentative de lui donner une substance. Il affirme qu'il ne s'agit point d'instituer «un groupe pionnier de cinq ou six qui se poserait en directoire», mais d'une vaste idée qui mériterait consensus. Sarkozy annonce la visite, en début août, du raïs Moubarak à Paris. Elle lui offre l'opportunité de lui exposer son idée. Il pense sérieusement réunir «une conférence intergouvernementale de la Méditerranée au premier semestre 2008» pour que ce projet «prenne forme avant la présidence française» de l'Union européenne au second semestre 2008. Les grands axes du projet seront développés lors de cette conférence, à savoir le terrorisme, la lutte contre l'immigration, l'environnement et le dialogue des cultures. En somme, il s'agit de ressusciter le processus de Barcelone, initié en 1995, qui avait échoué en raison de l'orientation biaisée du débat Nord-Sud. Les mêmes inquiétudes sont à l'origine de la nouvelle initiative française. Les risques sécuritaires et migratoires venant du Sud constituent une réelle préoccupation pour l'UE. La France le ressent plus intensément par une présence maghrébine accrue peu immunisée contre les risques de contamination venant du Sud. Du côté du Maghreb, on comprend cette inquiétude. Nicolas Sarkozy a indiqué que la Tunisie faisait des progrès sur la route de la démocratie. Il a également indiqué avoir «parlé sécurité et lutte contre le terrorisme» avec son homologue tunisien et s'est dit «très heureux que l'on puisse reprendre une collaboration approfondie entre les services de l'antiterrorisme tunisien et français». Le président français, Nicolas Sarkozy, a assuré, à Tunis, qu'il n'existait pas «l'ombre d'une brouille» avec le Maroc, en affirmant que la position française sur le conflit du Sahara occidental n'avait pas changé. A Alger, il a refusé de s'exprimer sur la question, usant de parades diplomatiques. «Je l'ai d'ailleurs dit au président algérien, Abdelaziz Bouteflika», révèle-t-il de Tunis. Comme il a refusé la repentance pour crimes commis en Algérie. «Je ne viens ni pour blesser ni pour m'excuser», a-t-il dit à Alger. Comme il a refusé de s'exprimer sur le traité d'amitié qui devait sceller les futurs rapports entre les deux pays, en réfutant la terminologie qui ne fixe pas le contenu. La première visite du nouveau président français en Algérie et en Tunisie, n'a apporté rien de nouveau. Sur le plan protocolaire, elle vient rappeler les rapports de bon voisinage traditionnels chargés d'histoire, de sentiments, parfois de ressentiments et de passion, sans aucune prise sur les impératifs de la realpolitik.