Le blanchiment d'argent, le commerce illicite, la fraude fiscale, le terrorisme international et la contrefaçon sont les maux auxquels la Douane est appelée à faire face. En prévoyant de relever ses effectifs de 14.000 à 20.000 et de se doter de moyens conséquents en matière de moyens matériels tels des hélicoptères, des scanners, des véhicules puissants et des armes modernes, les Douanes algériennes tentent de combler, ainsi, un déficit préjudiciable au citoyen et à l'économie nationale. Cette politique de réforme qui ressort de son projet de programme de modernisation s'étalant de 2007 à 2010, exprime, de prime abord, une volonté politique des pouvoirs publics de hisser cette institution au niveau des défis qui lui sont lancés. Elle vient de répondre au diagnostic sans complaisance fait par les services internes de la Douane qui fait ressortir de graves carences dans le fonctionnement de cette institution stratégique. La fraude, la contrefaçon, le trafic de drogue, le terrorisme et la migration clandestine sont des fléaux qui ont atteint un tel degré de nuisance, que la menace qui pèse sur le pays apparaît au grand jour dans la vie quotidienne. Les observations émises, il y a quelques mois par des experts étrangers qui ont été chargés par l'administration douanière en collaboration avec des organismes internationaux d'opérations d'audit dans ses différents services, ont fait un constat amer. La première incohérence relevée est l'absence de collaboration entre différentes institutions étatiques impliquées dans la lutte contre la fraude et le commerce illicite. Les banques, les impôts, la police nationale, les Douanes et la Gendarmerie nationale travaillent chacun de son coté. A la différence des réseaux mafieux et de trafiquants en tous genres qui ont tissé des toiles et des connections larges et profondes pour faciliter les échanges d'informations et de techniques dans leurs agissements illégaux. Aujourd'hui, ce n'est plus un secret de polichinelle, les grands réseaux internationaux ont fait de l'Algérie une véritable plaque tournante de la contrefaçon, du trafic de drogue, du blanchiment d'argent et du terrorisme international. La mafia colombienne spécialisée dans la production et l'acheminement de la cocaïne vers le Vieux Continent a fait d'Alger un nouveau couloir pour son activité. Tout comme la mafia chinoise qui commence à se faire remarquer dans le commerce illicite et la contrefaçon. Un cadre de la Douane, spécialisé dans l'étude des réseaux internationaux du trafic, nous a révélé que la mafia chinoise a tendu ses tentacules dans notre pays depuis quelques années déjà. La manifestation de ses crimes est devenue récurrente ces derniers temps avec la découverte de conteneurs provenant de Chine et transportant des produits interdits et non déclarés. Les dernières révélations faites par la presse nationale au sujet d'identification par la police nationale de réseaux puissants de trafic de drogue bénéficiant de solides attaches avec des cadres de l'Etat est une marque des agissements de réseaux internationaux qui tendent à trouver des complices de haut rang dans les rouages des institutions de la République. La formation du personnel de la Douane et son initiation aux nouvelles techniques de détection et d'identification des infractions est l'autre volet de ce programme ambitieux de rénovation. A cet effet, d'autres services sont appelés à voir le jour comme cette direction spécialisée dans la lutte contre la contrefaçon. Pour remédier à l'isolement observé dans la lutte contre ces fléaux, les Douanes ont signé un protocole d'accord avec une autre institution d'importance, à savoir les Impôts. Cela permettra un échange fructueux des données entre ces services pour réduire la marge de manoeuvre des trafiquants et surtout dans le domaine de la fraude fiscale et de l'identification des opérateurs économiques qui agissent dans l'anonymat. L'importance et l'étendue des frontières terrestres et maritimes de l'Algérie et sa promiscuité avec le Vieux Continent font de notre pays un espace géostratégique très convoité par les réseaux internationaux du trafic. L'étau qui s'est resserré sur leur activité sous l'impulsion de la lutte internationale menée par les USA et l'Union européenne, ont poussé les têtes pensantes de ce commerce, qui brasse des milliards de dollars, à trouver d'autres opportunités pour assurer une pérennité à leurs activités. La réforme annoncée des Douanes n'est qu'un premier pas dans la politique de lutte pour la protection des citoyens et de l'économie nationale. Ce sont aussi des exigences émises par l'Organisation mondiale des douanes, l'Union européenne et l'Organisation mondiale du commerce pour une remise à niveau des institutions nationales en prévision de l'adhésion de notre pays au Forum du commerce international.