Les pays du Maghreb sont préoccupés par la sécurité de la région, centre de grands enjeux. La sécurité aux frontières est un sujet qui préoccupe au plus haut point les autorités des pays maghrébins. L'Algérie n'a de cesse de donner une priorité absolue à la sécurisation de ses frontières. Au mois de novembre de l'année dernière, les autorités militaires avaient annoncé la mise au point d'un réseau de surveillance électronique installé tout au long des frontières terrestres algériennes, dans le cadre de la lutte contre la criminalité et la contrebande. Il devait être fonctionnel avant la fin de l'année 2007. Ce système de surveillance consiste à installer, tout au long des frontières du territoire national, des capteurs, des radars et des caméras de surveillance pour la transmission des données, en temps réel, aux commandements mobiles de la Garde-frontière et des Douanes pour faire face aux incursions clandestines de différents types en Algérie. Il s'agit, principalement, de faire face aux réseaux de contrebande, du terrorisme international et à l'immigration clandestine. Des fléaux qui préoccupent l'ensemble des pays maghrébins et même euroméditerranéens. Les autorités du pays comptent même remplacer les effectifs installés aux frontières, constitués en majorité d'appelés, par des forces plus professionnelles dotées de moyens adéquats. Cette même question est au centre des préoccupations de la Direction générale des Douanes qui préconise, dans son projet de réforme qui s'étale de 2007 à 2010, un renforcement de ses effectifs à la frontière et la création de nouveaux postes frontaliers pour filtrer davantage le flux des personnes et des marchandises. Au niveau régional, et pour assurer sa propre sécurité, l'Europe méditerranéenne s'attelle à la concrétisation de son projet Frontex en l'élargissant aux pays maghrébins. Même si la Libye campe toujours sur son refus d'y adhérer. Le projet en question a été évoqué par le commissaire européen chargé de la Justice et des Affaires intérieures, Franco Frattini, qui a officiellement invité la Tunisie, le Maroc et l`Algérie à participer aux patrouilles de l`Agence européenne de contrôle aux frontières (Frontex) pour combattre l`immigration clandestine. L'Union européenne, qui parraine ce projet, compte doter les pays concernés d'équipements appropriés, notamment des avions, bateaux et experts, ainsi qu`à travers les échanges d'informations sur les mouvements migratoires clandestins et les réseaux mafieux impliqués dans leur gestion. Ce dispositif de lutte est déjà opérationnel en Méditerranée où des opérations permanentes sont menées au large de l'île de Malte, de l'Italie et de la Libye, ainsi que dans l`océan Atlantique, au large des Canaries. Plusieurs pays européens, à savoir la France, l'Espagne, la Grèce et l`Italie ont réitéré leur volonté de fournir des renforts en moyens logistiques au Frontex. D'autre part, l'Espagne et le Sénégal ont renouvelé, pour une année supplémentaire, l'accord portant sur le dispositif anti-migration clandestine signé entre les deux pays, l'année dernière et qui a porté ses fruits. Il a, notamment, permis une réduction substantielle du taux de flux migratoire clandestin entre les côtes sénégalaises et le Vieux Continent. «Nous avons pratiquement divisé par dix les flux. En 2007, seules 101 embarcations sont arrivées sur les côtes espagnoles avec quelque 4000 personnes à bord venant de plusieurs pays d'Afrique», a expliqué Ousmane Ngom, le ministre sénégalais de l'Intérieur, qui a paraphé la déclaration avec son homologue espagnol, Alfredo Perez Rubalcaba. Le bilan de la saison écoulée fait état de 35.000 candidats clandestins à l'exil et de 4000 embarcations. Sur un autre plan, une coopération militaire plus accrue est prévue entre les partenaires européens et maghrébins, dans le cadre du dialogue des 5+5 pour lutter contre les réseaux de migration clandestine et terroristes. Les responsables militaires de 10 pays du Maghreb et d'Europe, (Algérie, Maroc, Tunisie, Mauritanie, Libye, France, Espagne, Italie, Malte, Portugal), ont entamé, le mois passé à Nouakchott, une réunion pour mettre au point une stratégie dans ce sens. Enfin, cette question avait été abordée à l'occasion de la visite de travail effectuée par le président français en Algérie. L'idée de l'Union méditerranéenne repose essentiellement, sur le concept de la sécurité commune. Un système de sécurité collective serait mis en place dans le cas de la concrétisation du projet prôné par le président Nicolas Sarkozy. L'Algérie, qui fait face à une véritable déferlante des flux migratoires en provenance de l'intérieur du continent africain et des pays du Sahel, peut être le pivot de ce programme de lutte contre ce phénomène de par sa situation géostratégique, à condition que cette coopération s'étende au domaine économique pour assurer des investissement pouvant déboucher sur un développements durable de la région. L'Europe ne peut faire l'économie de cet effort tout en aspirant à faire, en quelque sorte, des pays maghrébins des voisins chargés d'assurer sa propre sécurité.