Moins d'un quart des frontières africaines sont délimitées. Malgré le fait que le premier sommet de l'OUA, tenu au Caire en 1964, ait décidé du principe de l'intangibilité des frontières héritées du colonialisme, les conflits frontaliers, souvent meurtriers, n'ont jamais cessé d'endeuiller le continent. C'est dans le souci de trouver une solution pragmatique à cette problématique que l'Union africaine tente, depuis le sommet de Durban en 2002, de passer à l'acte, en projetant de résoudre les différends frontaliers à l'horizon 2012. La capitale algérienne a abrité, jeudi et vendredi, au siège du Centre africain d'études et de recherches sur le terrorisme, un atelier régional consacré à la problématique des frontières dans la région de l'Afrique du Nord. Cet atelier fait partie des cinq ateliers régionaux consacrés à débattre des tracés frontaliers dans tout le continent africain. Le plan africain des frontières (PFUA) a été approuvé lors de la 11e session de l'Union africaine (UA) tenue à Accra (Ghana) du 25 au 29 juin 2007. Intervenant à l'ouverture de l'atelier d'Alger, le commissaire à la paix et à la sécurité de l'UA, Ramtane Lamamra, a reconnu que “les frontières africaines, dont le tracé remonte à la période coloniale, ont été et demeurent un facteur récurrent de conflits. La plupart de ces frontières sont mal définies et l'existence de ressources naturelles dans les zones transfrontalières pose de nouveaux défis”. L'intervenant affirme que “moins d'un quart des frontières africaines sont délimitées et démarquées”. Il estime que cette situation a donné naissance à “des zones floues à l'intérieur desquelles l'exercice de la souveraineté nationale peut s'avérer problématique. Dans ces zones, un simple différend entre deux communautés peut déboucher sur des tensions entre Etats, et lorsque ces zones recèlent des ressources importantes, leur gestion peut générer des malentendus encore plus graves”. Pour sa part, le représentant du gouvernement algérien, Nadjib Senouci, directeur général des affaires juridiques et consulaires au ministère des Affaires étrangères, a rappelé l'expérience de l'Algérie en matière de délimitation de ses frontières avec ses voisins du Maghreb. À ce titre, il évoque la participation de l'Algérie dans l'intégration économique maghrébine, à travers la réalisation de deux pipelines de transport de gaz vers l'Europe, qui traversent la Tunisie et le Maroc, et qui bénéficient également à ces deux voisins. Dans le même sillage, la construction prévue du gazoduc Lagos-Alger et de la route transsaharienne devraient permettre le développement d'au moins sept pays de la région du Sahel qui seront traversés par ces deux grands projets structurants. Le représentant algérien affirme que “l'Algérie a signé les traités de délimitation des frontières avec ses voisins et a déposé les instruments de ratification auprès de l'ONU”, avant de rappeler “une vérité historique : l'Algérie n'a jamais demandé le moindre pouce de terrain d'un pays voisin”. Une affirmation confirmée par le commissaire africain pour la paix et la sécurité, selon lequel “l'Algérie a déposé tous les accords de délimitation des frontières auprès de l'ONU. Le seul pays avec lequel les frontières n'ont pas encore été délimitées, c'est la RASD. Mais je ne pense pas que cela posera un problème particulier”. Azzeddine Bensouiah