L'Institut Amadeus a récemment publié une analyse sur les enjeux et les perspectives de l'agriculture au Maghreb. Il en ressort que les enjeux multiples de l'agriculture maghrébine (sécurité alimentaire, échanges commerciaux, développement rural, environnement…) devraient pousser au développement des échanges et des coopérations entre le Maroc, la Tunisie et l'Algérie. le même rapport précise qu'une coopération renforcée permettrait aux pays du Maghreb de sécuriser leurs approvisionnements et de bénéficier des complémentarités de leurs agricultures et de leurs industries. Ainsi, et selon l'Institut Amadeus, la mondialisation des marchés et la volatilité des cours alimentaires mondiaux, dont la hausse a eu des conséquences dramatiques en 2007 et 2008, rendent inévitables les discussions sur la sécurité alimentaire. Réunis à Rabat au début du mois d'avril 2010, des experts et des représentants des pays de l'UMA (Union du Maghreb Arabe) ont poursuivi des discussions sur l'élaboration d'une vision stratégique commune de l'agriculture. Dans des pays où une très grande partie de la population travaille dans l'agriculture, la gestion du secteur primaire et de l'Industrie agro-alimentaire (IAA) est essentielle. Il semble alors tout à fait logique que ces pays s'associent et cherchent à organiser leurs productions, leurs échanges de produits agricoles. Malgré l'importance des secteurs agricoles au Maroc, en Algérie et en Tunisie, les échanges de produits agricoles entre ces trois pays sont très peu développés. Malgré la proximité géographique, la proportion des échanges de produits agricoles frôle le néant, en dépit des différentes discussions entre les pays du Maghreb sur l'importance de la coopération et du développement des échanges. Mais des enjeux communs aux pays du Maghreb devraient pousser les Etats à développer une gestion commune de l'agriculture. Malgré des caractéristiques agricoles qui présentent certaines différences, on retrouve dans les trois pays du nord de la Méditerranée des enjeux communs. Le premier concerne la sécurité alimentaire; la forte croissance démographique des pays du nord de l'Afrique, couplée avec des exigences croissantes des qualités nutritionnelles à mesure que ces sociétés se développent sont des facteurs de dépendance alimentaire. C'est d'autant plus vrai que la modernisation de l'agriculture maghrébine a du mal à suivre. L'enjeu est d'autant plus important que le différentiel entre importations et exportations agroalimentaires de l'Afrique du Nord s'est creusé depuis quelques dizaines d'années. La balance commerciale des échanges agricoles indique bien la situation de dépendance vis-à-vis du reste du Monde. Cette situation est préoccupante si on regarde dans le détail les produits les plus importés et les plus exportés par les pays. Les produits les plus importés sont des produits de base, élémentaires dans l'alimentation des populations. C'est donc que la sécurité alimentaire reste une problématique fondamentale dans les pays de la rive sud de la Méditerranée, et donc dans les trois pays que sont le Maroc, l'Algérie et la Tunisie. Des enjeux communs se nouent aussi dans le développement rural des pays du Maghreb. Dans les trois pays les populations rurales sont globalement les moins aisées, mis à part les grands exploitants qui se sont adaptés à une production de masse. Les récentes réformes de libéralisation des prix et des échanges dans les trois pays du Maghreb nécessitent de mettre en place un accompagnement des petites exploitations. Il faut donc renforcer à la fois la compétitivité et la solidarité des industries agricoles maghrébines. Aussi, l'institut Amadeus estime que si la récente crise alimentaire a eu un mérite, c'est bien de démontrer la nécessité d'une réflexion en profondeur sur le thème de la sécurité alimentaire, et donc plus largement sur l'organisation de la production agricole et sur la pêche. De cette nécessité découle une volonté renouvelée, dans le monde arabe, de s'associer pour être plus fort. Les réunions d'experts se multiplient pour réfléchir à la faisabilité et à la mise en œuvre de zones d'échanges et de coopération.