Jamais un investissement direct étranger n'a atteint une telle somme en Algérie. Le transport aérien, l'industrie, l'énergie, le tourisme, la santé, les matériaux de construction, la pétrochimie, tout est à prendre. Le marché algérien attire. Les investisseurs se bousculent au portillon. Les Emiratis, à eux seuls, devraient investir pas moins de 25 milliards de dollars. Les Emiratis n'ont pas mis du temps puisque rien que depuis le début de l'année en cours, ils ont déjà investi pas moins de 10 milliards de dollars sur les 15 milliards de dollars d'investissements réalisés ou promesses d'investissements. Jamais un investissement direct étranger n'a atteint une telle somme en Algérie. Ce qui place ce pays du Golfe en leader en matière d'investissement dans notre pays. Ce qui démontre tout l'intérêt des hommes d'affaires émiratis pour le marché algérien. Ce chiffre a été rendu public, hier, par Brahim Bendjabi, président de la Chambre algérienne de commerce et d'industrie (Caci), sur les ondes de la Chaîne III. L'invité de la Radio nationale a souligné que le plus important investissement demeure celui relatif au complexe d'aluminium de Beni Saf dans la wilaya de Aïn Témouchent, dont le coût est estimé à 5 milliards de dollars. Ce projet vient d'ailleurs, de recevoir l'aval du Conseil national des investissements. Ce projet devrait participer, à hauteur de 1 à 1,5% du PIB, dans les 25 prochaines années, a précisé Brahim Bendjabi. Celui-ci a ajouté que les Emirats ont mis 1 milliard de dollars dans la construction d'une centrale électrique à Hadjret Enous, à l'ouest de Cherchell, dans la wilaya de Tipasa. Cette centrale, d'une capacité globale de 1200 méga Watts, sera réalisée par le canadien SNC Lavalin. En outre, les Emiratis ont investi 3 milliards pour la réalisation du Parc des Grands Vents. Mais le plus gros investissement est l'apanage du groupe Emaar Mohamed Alabbar avec 20 milliards de dollars répartis en cinq grands projets: le développement de la baie d'Alger, la cité de la santé, la restructuration de la gare de l'Agha, la cité technologique de la nouvelle ville de Sidi Abdallah et le complexe touristique colonel Abbès. Cet investissement devrait créer un effet d'entraînement. «Cela va créer une émulation avec les autres pays du Golfe au moment où nous savons que rien que l'Etat du Koweït a retiré, des banques américaines, plus de 120 milliards de dollars et cherche des pays où les investir», estime Brahim Bendjabi. Et d'ajouter que sur les 500 milliards de dollars détenus par des investisseurs arabes, l'Algérie a toutes les chances de recevoir une partie non négligeable après la levée progressive des lourdeurs administratives et les contraintes bureaucratiques. D'ailleurs, les Emiratis ne comptent pas donner un coup de frein à leurs investissements en Algérie puisque d'autres centaines de millions de dollars devraient être injectés dans d'autres domaines d'activités. Dans ce sens, le président de la Caci cite le projet de production de matériaux de construction dans la région de Mostaganem, qualifié de «très important» puisqu'il «reprend une partie des chantiers navals, une partie de la production de plates-formes pétrolières, la production d'équipements destinés aux stations de dessalement et la réalisation de parties destinées à la production d'électricité, autrement dit, c'est un projet de production industrielle intégré» a-t-il dit. «C'est une première en ce qui concerne les pays du Golfe», a souligné M.Bendjabi. Cet intérêt des Emiratis pour le marché algérien devrait se traduire concrètement par l'investissement du groupe El-Qoudra qui compte réaliser divers projets, notamment dans l'agriculture, les services, la pêche et l'industrie, selon certaines informations. Par ailleurs, le groupe El Gharir, qui s'est lancé dans le marché algérien en 1988, a investi, à ce jour, quelque 100 millions de dollars pour la réalisation de minoteries à Biskra et du port de Djen-Djen dans la wilaya de Jijel. Ce qui démontre la compétitivité économique du marché algérien. Mais la cerise sur le gâteau n'est autre que l'éventuelle installation, en Algérie, de la compagnie aérienne émiratie, classée 5e au rang mondial en 2006. La question a été abordée lors de la quatrième session de la commission mixte algéro-émiratie tenue en 2006 à Alger. Par ailleurs, la visite du président des Emirats arabes unis, Cheikh Khalifa Ben Zayed Al-Nahyane, s'est traduite par la signature d'un mémorandum portant sur l'exemption du visa d'entrée pour les titulaires de passeports diplomatiques, spéciaux et de service. Ainsi, tout porte à croire que l'intérêt des Emiratis pour l'Algérie n'est, en fait, qu'un simple retour d'ascenseur des relations d'amitié qu'entretient le président Bouteflika avec les monarchies du Golfe et spécialement avec les Emirats arabes unis.