Les banques d'Algérie, dont la fonctionnalité désuète est décriée par tous, notamment les investisseurs étrangers, semblent se mettre, bien que pas à pas, au diapason de l'international en instituant de nouveaux services à même de «dérouiller» la machine bancaire. Ainsi, la BNA (Banque nationale d'Algérie) vient d'inaugurer une agence pilote à Alger (El Biar) qui entre dans le processus de modernisation du système financier du pays. Elle est située à El Biar, sur les hauteurs d'Alger. Inaugurée par la ministre déléguée chargée de la Réforme financière, Mme Fatiha Mentouri, cette banque a démarré le 27 mai dernier et enregistre une forte augmentation de l'activité commerciale et autres secteurs. Sa création s'inscrit dans le cadre du programme de coopération entre l'Algérie et l'Union européenne sur l'appui à la modernisation des banques publiques algériennes. Le champ d'intervention de ce programme européen d'assistance technique, porte, essentiellement, sur l'installation d'un système d'informations reliant l'ensemble du réseau des agences d'une banque avec le site central permettant de disposer, en temps réel, de l'ensemble des informations des opérations bancaires faites (retraits, dépôts, crédits...). Cette démarche est d'autant nécessaire, voire incontournable, car il faut le signaler, qu'il n'existe pas encore, en Algérie, un système interbancaire Intranet. Un exemple vécu, pour effectuer «un retrait à distance» entre deux agences BDL (Banque de développement local), il faut débourser la coquette somme de 700 dinars et encore, l'opération ainsi enclenchée peut durer 24 heures! C'est dire combien l'écueil actuel des banques peut dissuader bien des investisseurs étrangers habitués à d'autres services plus rapides et plus efficaces chez eux comme dans tous les pays du pourtour méditerranéen. Ce programme inclut, également, une réorganisation spécifique d'agences bancaires en les dotant d'un Front Office chargé spécialement de la clientèle PME, et d'une filière crédit conforme aux décisions de la Banque d'Algérie (en application des recommandations de Bâle II), et de services dit de Back Office chargés des formalités administratives. Ce faisant, la réduction des files d'attente, la facilitation des démarches au client et la revalorisation de la fonction accueil seront atteintes, selon le président-directeur général de la BNA, M.Seghir Benbouzid. Le Front Office de cette agence de détail, a-t-il expliqué encore, est doté de structures chargées de tâches distinctes. Il s'agit, essentiellement, de conseiller la clientèle composée d'entreprises ou de particuliers, pour l'ouverture d'un compte ou pour souscrire un produit d'épargne et de prospection de clientèle. La tâche des guichetiers payeurs consisterait alors, exclusivement, à réaliser les opérations de versement, retrait, remise de chèques et de change manuel. A ces deux structures, viennent s'ajouter celles de l'accueil chargées de l'information et de l'orientation de la clientèle. S'exprimant lors d'un point de presse à l'issue de cette inauguration, Mme Mentouri avait, de nouveau, déploré la faiblesse de l'intermédiation bancaire en Algérie tout en considérant que cette insuffisance reflétait «le manque de performances dans d'autres secteurs d'activité». Mme Mentouri a souligné que les performances du secteur bancaire avaient des effets d'entraînement sur l'évolution du taux de croissance du PIB. Elle a, en outre, fait remarquer que le système bancaire était tributaire aussi de son environnement économique. Les ressources collectées par les banques ont atteint 3400 milliards de DA à fin 2006, soit environ 54% du PIB. Disposant de 200 agences à travers le pays et de trois millions de comptes bancaires, la BNA a réalisé un bénéfice de 8 milliards/DA en 2006.