Rien ne va plus entre deux anciens syndicalistes et le directeur. Tout a commencé avec la suspension de l'un de deux syndicalistes de cette unité de distribution de matériaux de construction très connue sur la place, notamment dans les temps anciens. Aujourd'hui, cette unité ne tourne plus qu'avec 75 travailleurs alors qu'elle en employait près de trois cents. Donc un travailleur, ancien délégué syndical observe depuis le 21 juillet, une grève de la faim. Le gréviste est étendu sur une couche près du mur d'enceinte de l'unité, protégé du soleil par une petite bâche, à ses côtés, des bouteilles d'eau sucrée et souvent des travailleurs, généralement des anciens camarades de l'unité, sont là à l'encourager et à lui apporter leur soutien moral. L'affaire remonte, selon le gréviste M.Akriche Youcef, 47 ans, père de 4 enfants, au 1er mars de cette année. Suspendu par le directeur de cette unité «en violation des textes et lois en vigueur», ce travailleur est, selon lui, «victime de l'arbitraire». Après plusieurs tentatives de conciliation tant des structures de l'Ugta que de la part de l'inspection du travail, le directeur n'étant pas revenu sur sa décision. Selon le travailleur, son supérieur hiérarchique devait lui dire textuellement: «Tu ne remettras jamais les pieds dans l'entreprise même si tu finira par prendre 2 millions de DA puisque ce n'est pas moi qui paie c'est l'entreprise». C'est ce qui a conduit ce gréviste à cet acte dangereux et qu'il affirme vouloir poursuivre jusqu'à la satisfaction de sa revendication, c'est-à-dire la réintégration. On a approché le directeur qui nous reçoit dans son bureau. M.Derridj affirme: «ce gréviste n'a plus de casquette syndicale, car n'ayant pas justifié sa représentativité, comme le stipulent les textes en vigueur». Il fait ainsi part des dérives diverses et répétées comme les agressions physiques dont se seraient rendus coupables les deux désormais ex-syndicalistes, dont le gréviste de la faim «envers, notamment un mécanicien et devant le collectif de direction, le 26 février dernier». Evoquant la conduite jugée par le directeur d'inacceptable, les rapports et autres procès-verbaux faisant foi, le directeur poursuit: «Si je devais m'en tenir aux textes et au règlement intérieur, ce travailleur est à licencier». Pour ce qui est des salaires que quelques travailleurs disent avoir reçu en tranches, le directeur évoque la période difficile allant de décembre dernier à février, mais qui ne s'est pas répercuté sur les salaires; du moins les travailleurs ont toujours été payés et même dans cette période difficile; au moins à hauteur des 3/4 du salaire, le reste étant versé par la suite. Le directeur monte en épingle son travail lequel, selon lui, «a abouti au redressement de l'entreprise alors promue à une éventuelle cession». Revenant à l'affaire, il semble que le cas en question est actuellement pendant devant la justice. La visite s'arrête là et c'est au moment où nous sortons des lieux pour être reconduits par un travailleur de l'unité que le directeur nous suit avec sa voiture et, interceptant le travailleur lui «promets des sanctions» et s'adressant à nous, il nous traite de menteurs. Le travailleur qui nous a pris en charge devait dire tout tremblant: «Il va me licencier et j'ai des enfants. Vous ne savez pas combien ce monsieur est puissant! Je suis...foutu.» Incompréhensible comportement et amère situation quand un gestionnaire se comporte de cette façon face à la presse qui ne fait qu'accomplir son travail.