Une affaire qui risquerait de prendre de nouvelles proportions. Ses ramifications s'étendraient, à en croire des sources concordantes, jusqu'au palais royal. Il s'agit d'une affaire de divulgation de documents confidentiels liés à la lutte antiterroriste. Le dossier a défrayé la chronique, au point que même la presse marocaine est impliquée. En effet, le parquet de Casablanca a annoncé, hier, que le directeur et un journaliste d'un hebdomadaire seront déférés devant la justice dans l'affaire de la publication de documents confidentiels des services de sécurité marocains relatifs à la menace terroriste. Le directeur de publication de l'hebdomadaire Al Watan Al An (ex-Al Bidaoui), Abderrahim Ariri et le journaliste Mustapha Hurmat Allah, seront déférés devant la justice pour «recel de choses obtenues à l'aide d'un crime», souligne-t-on de mêmes sources. La décision de poursuite judiciaire des deux journalistes intervient au lendemain de la fin de la période de prolongation de 96 heures de leur garde à vue dans les locaux de la brigade de la police judiciaire à Casablanca. Le parquet a également décidé de mettre sous mandat de dépôt Mustapha Hurmat Allah et de relaxer Abderrahim Ariri et de le poursuivre par convocation directe, ajoute la même source. Il convient de rappeler qu'au moins sept officiers et plusieurs militaires marocains ont été arrêtés et «mis aux arrêts de rigueur» dans la même affaire. Un officier supérieur, ayant le grade de colonel, figure parmi les militaires arrêtés et qui seront poursuivis par un tribunal militaire, dans le cadre d'une enquête menée par le parquet de Casablanca sur l'origine des fuites de documents appartenant aux services de sécurité et qu'avait publié, le 14 juillet dernier, Al Watan Al An. A l'époque des faits, la presse s'est interrogé sur les raisons ayant amené le ministère marocain de l'Intérieur à relever le niveau de sécurité. C'est dans ce cadre que le directeur de cette publication ainsi que le journaliste qui a réalisé un dossier spécial consacré «aux rapports secrets qui ont déclenché l'état d'alerte au Maroc» face à la menace terroriste, seront, par ailleurs, assisté par un collectif d'avocats qui ont déjà demandé leur libération. Dans un mouvement de soutien aux deux journalistes, les journalistes marocains ont décidé, à l'appel du syndicat national de la presse écrite, de porter un brassard noir. Dans le fond et la forme, (cette affaire) rappelle des méthodes dont on croyait le royaume débarrassé, estime l'hebdomadaire Tel Quel.