Révélée par l'hebdomadaire marocain Al Watan al An, l'affaire sur les “les rapports secrets derrière l'état d'alerte au Maroc” semble prendre des proportions inattendues avec la mise aux arrêts de rigueur de sept officiers des Forces armées royales marocaines. À en croire le ministre marocain délégué à l'Intérieur, Fouad Ali al Himma, “il s'agit d'une affaire très grave qui met en cause la sécurité au plus haut niveau dans le royaume”. Le parquet de Casablanca corrobore les affirmations du ministre en indiquant qu'elles relèvent du “secret défense”, qui a été porté à la connaissance du public par deux journalistes de l'hebdomadaire marocain Al Watan al An. “Les investigations ont permis d'établir que cette affaire relève du secret défense porté à la connaissance du public, comme le stipulent les dispositions de l'article 192 du code pénal, sans aucun rapport avec le code de la presse”, indique cette source. Les faits remontent au 14 juillet dernier, lorsqu'Al Watan al An a publié un dossier intitulé “Les rapports secrets derrière l'état d'alerte au Maroc”, en citant des “documents confidentiels”. Trois jours plus tard, soit le mardi 17 juillet, le directeur de la publication, Abderrahim Ariri, 43 ans, et le journaliste Mustapha Hormat Allah, 37 ans, ont été arrêtés et placés jusqu'au 24 juillet en garde à vue. D'après leur avocat, Jalal Tahar, ils devraient être présentés la semaine prochaine à la justice. L'hebdomadaire a reproduit, dans son édition, une note secrète émanant des services de la Direction générale de la surveillance du territoire (DGST) et adressée à différentes casernes militaires. Des enquêteurs de la police judiciaire marocaine (BNPJ) ont par la suite saisi, selon les journalistes d'El Watan al An, des documents relatifs à cette affaire après une perquisition du bureau du directeur de la publication, que le parquet de Casablanca avait confirmée samedi dernier dans un communiqué. Une source sécuritaire a indiqué, jeudi dernier, que “la police interroge toujours les deux journalistes au sujet des documents confidentiels et ultrasensibles sur la sécurité des citoyens et du royaume”. Depuis, les choses se sont précipitées avec la mise aux arrêts de rigueur de sept officiers des Forces armées royales marocaines, dont un colonel. Il leur serait reproché la divulgation de documents confidentiels des services de renseignements. Une source anonyme a affirmé que “sept officiers des Forces armées royales (FAR) ont été mis aux arrêts de rigueur”, avant d'ajouter que “d'autres soldats, dont un colonel major, ainsi que des policiers ont été auditionnés dans le cadre de cette affaire”. Toujours selon cette source, “d'autres documents ultrasensibles ont été saisis lors d'une perquisition effectuée dans une ferme.” Un comité de soutien aux deux journalistes s'est aussitôt constitué et une manifestation demandant leur libération a été organisée samedi dernier à Casablanca. Leur arrestation a été condamnée par des associations non gouvernementales, dont le Syndicat national de la presse marocaine (SNPM). Joignant sa voix à celles de journaux marocains qui qualifient “d'injuste” l'arrestation d'Ariri et de Hormat Allah, ce dernier a estimé que “les journalistes ont le droit de recevoir des informations, des documents confidentiels et de les publier pour informer le public”. Pour rappel, le Maroc avait placé, le 6 juillet 2007, toutes ses forces de sécurité en état d'alerte maximum pour contrer une “menace terroriste avérée” quiémanerait de la branche d'Al Qaïda Maghreb. K. ABDELKAMEL