La tension n'a été apaisée que quand les autorités ont décidé la réalisation de deux aérodromes distincts. Officiellement, le report consécutif de l'inauguration officielle du nouvel aéroport de Sétif à cause du retard dans sa finalisation est imputé aux problèmes d'ordre technique rencontrés lors de sa conception, mais en réalité, le problème est beaucoup plus profond. Il réside dans le choix de l'appellation de cet aérodrome. Un véritable bras de fer oppose la population sétifienne qui tient à ce que cette infrastructure porte le nom de l'un des enfants de Aïn Fouara. Les autorités locales auraient opté plutôt pour un révolutionnaire batnéen, décédé depuis trois ans, connu sous le nom de Hadj Lakhdar. En fait, la personne de Hadj Lakhdar est très connue dans la sphère politique et révolutionnaire. Issu d'une famille de maquisards, il a combattu l'ennemi français aux côtés de Mustapha Ben Boulaïd et a été commandant de l'ALN dans la wilaya 1 (Les Aurès). Après la Révolution, il a été le «parrain politique» de plusieurs personnalités locales et nationales et un proche ami d'hommes politiques tels Liamine Zeroual, Khaled Nezzar, Zeghdar et l'actuel Chef du gouvernement Benflis, tous, originaires de la région. Mais il demeure, avant tout, l'enfant de Batna, ce qui est d'ailleurs à l'origine de la polémique. La rivalité entre ces deux villes limitrophes est ancienne, puisqu'elle existe depuis la décision des autorités locales de construire un aéroport commun dans l'une des localités, ce qui a suscité, par la suite, des réactions hostiles de la part des citoyens des deux villes. Chacun revendiquant un aéroport propre à sa wilaya. Dans sa quête de trouver un consensus, l'Etat avait proposé un aérodrome entre les deux régions. Proposition encore une fois rejetée par la population. La tension n'a été apaisée que quand les autorités ont décidé la réalisation de deux aérodromes distincts. Une fois que l'ouvrage d'Aïn Arnat de Sétif, tant attendu, achevé, vint alors son baptême et c'est là que la polémique a ressurgi. La dernière visite du ministre des Transports, M.Selim Saâdi, et du ministre de l'Intérieur, Zerhouni, à Aïn Fouara entre dans ce même contexte, à savoir convaincre la population d'accepter l'appellation des autorités. La population rejette catégoriquement cette proposition, clairement contestée à travers une lettre d'un collectif de citoyens de Sétif parvenue à notre rédaction et dénonçant: «Les abus de l'administration locale qui décide sans prendre la peine de consulter la population de baptiser à sa guise ce nouveau-né par un nom importé.» Pourtant, s'interroge-t-on dans le même document, «cette ville ne manque pas de poètes, d'artistes et même de troubadours pour qu'elle l'honore d'une appellation que la population portera comme un enfant, même illégitime». Cette revendication est dénuée de l'intention, explique-t-on, de toucher «à l'intégrité de l'homme, du militant, du moudjahid, du voisin et ami» mais reste une question d'urbanité et de légitimité, précise-t-on. Cela n'empêche pas pour autant la polémique de continuer.