Tous ses joueurs ont su se mobiliser autour du même objectif, celui de servir leur pays. L'équipe d'Irak de football est entrée dans la légende. Sa victoire dans le tournoi de la Coupe d'Asie des nations est un de ces hauts faits dont l'histoire du football universel est si remplie. Elle a signé, à sa manière, une page de cette épopée en s'imposant dans un tournoi où elle ne faisait certainement pas partie du lot des favoris. Comment pouvait-elle l'être quand on représente un pays où la mort et le sang sont le quotidien d'une population qui n'en finit pas de porter le deuil? Comment peut-on penser et parler football au moment où les pleurs et les cris ne cessent de surgir de cette terre arabe? Pourtant c'est bien le sport et le football en particulier qui permettent aux Irakiens de dire à la face du monde qu'ils existent et qu'ils sont capables d'exploits sur les plus grandes scènes internationales. Le sport et le football servent plus que jamais de facteur de cohésion sociale, d'union nationale autour d'un même objectif pour une seule et même nation. Chez nous, en Algérie, lors de la tragédie nationale, le football n'avait jamais cessé d'activer. En dépit des événements douloureux que le pays connaissait, les stades ne s'étaient jamais désemplis et les clubs continuaient à jouer. Les Irakiens ont retrouvé une joie de vivre en s'unissant derrière leur équipe nationale et ses joueurs et desquels ils n'avaient jamais douté. D'un point de vue sportif, cette équipe d'Irak vient de réussir un exploit de la dimension de celui réalisé par les Danois en 1992 quand leurs joueurs, alors en vacances au bord de la mer, avaient été rappelés en catastrophe pour remplacer les Yougoslaves, sanctionnés par l'UEFA, dans la Coupe européenne des nations qui avait eu lieu en Suède. Les gens du nord de l'Europe, pourtant très mal préparés, avaient fini par l'emporter devant des adversaires qui avaient fait appel à toute sorte de technologies et de moyens pour obtenir le meilleur résultat possible. Lorsqu'on, part avec un handicap on fait appel à la volonté pour espérer renverser la situation. C'est la situation, certainement, vécue par les Irakiens lesquels, en dépit de la qualité de leurs joueurs, ne pouvaient rivaliser avec des Japonais, des Sud-Coréens, des Chinois, et tous les représentants des monarchies du monde arabe de la région dont les moyens sont sans commune mesure avec les leurs. En ce sens, la victoire des Irakiens est celle du courage, celle de l'amour pour sa patrie et pour son peuple, celle de la volonté d'aller au delà de la souffrance pour résister d'abord, puis pour gagner. Ces Irakiens dispersés à travers différents pays d'accueil ont su unir leurs efforts autour des couleurs de leur pays pour lui faire conquérir son premier titre continental de football. Cette union de joueurs, certainement pas tous de même obédience religieuse, autour d'un même et unique objectif, est une réponse à ceux qui font gicler le sang sans discernement, dans ce pays meurtri et aux divergences qui caractérisent ceux qui ont en charge les affaires du pays. Le football a réuni le peuple irakien derrière sa victorieuse équipe nationale et lui a donné d'immenses motifs de fierté dans des moments où la peine continue à se lire sur les visages.