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Quand le portefeuille limite le choix
LES VACANCES DES ALGERIENS
Publié dans L'Expression le 04 - 08 - 2007

Des trois pays du Maghreb, le Maroc est la meilleure destination.
Partir en vacances pour les Algériens, c'est d'abord changer d'air et aller à la rencontre d'autres paysages, d'autres gens, et connaître d'autres cultures. Mais pour la plupart des citoyens, les vacances se limitent à un repos pour ceux qui travaillent, et au farniente sur les plages de la région pour les autres.
La Kabylie s'offrait, dans les temps anciens, Thala Guilef, dans le Djurdjura, ou encore des sorties en forêt. Aujourd'hui, les temps ont changé. Dans les temps pas si éloignés que cela, les stations de Tigzirt et d'Azeffoun étaient relativement mieux fréquentées qu'aujourd'hui. Hélas, les temps ont changé et la plupart des gens semblent bouder ces deux villes côtières.
Le commerce s'en est, d'ailleurs, bien ressenti. Les émigrés qui, d'habitude, sont les clients attitrés de ces propriétaires de logements, se sont aussi fait rares, et les autres «clients» potentiels sont repoussés par les prix pratiqués. A Azeffoun ou Tigzirt, le prix moyen d'une location d'un logement pour un mois est de 60.000DA, d'autres logements étant carrément inabordables, alors que l'hôtel, non seulement coûte les yeux de la tête, mais en sus, la pratique hôtelière n'est pas encore entrée dans les moeurs.
Si Tigzirt est chère, Azeffoun l'est encore plus, alors que Béjaïa reste du domaine de l'impossible pour le fonctionnaire ou le travailleur moyen. La solution du camp de toile ou du centre de vacances est également assez onéreuse. Aussi, Tigzirt et Azeffoun connaissent une certaine baisse de visiteurs, et les estivants, qui font tout de même leurs calculs, leur préfèrent soit Aïn Témouchent à l'ouest, soit encore la Calle à Annaba à l'est, ne serait-ce que du point de vue dépaysement.
Les vacances, c'est connu, sont, en fait, l'apanage des gens assez riches, ou du moins ayant les moyens. Farid, un travailleur des P et T, affirme: «Passer une année entière derrière le guichet, supporter les mauvaises humeurs des usagers à longueur d'année mérite bien un petit repos. Aussi, chaque année, je prends ma voiture que je bichonne pour cela, et avec mes enfants, direction la Calle. Un mois de farniente au bord de la mer, avec souvent des rencontres de couples ou de familles avec lesquels on finit par sympathiser, et les accus sont rechargés pour une année.» Hamid, quant à lui, affirme: «Ma petite famille et moi avons découvert, du côté d'Aïn Témouchent, un endroit paradisiaque, et aussi, tous les ans, nous y retournons. Cela coûte moins cher que de rester à la maison et partir chaque jour au bord de la mer!» Beaucoup de citoyens ont, après avoir fait leurs calculs, opté carrément pour la Tunisie. La destination Tunisie semble revenir moins cher que d'autres destinations, y compris celles de l'intérieur du pays. Selon des «touristes» ayant déjà expérimenté la destination Tunisie, il semblerait qu'avec un peu moins de dix millions de centimes, on peut passer environ un mois en famille. Alors que pour un mois à Tigzirt, il faut compter environ le double, et encore, il faut réellement savoir gérer son budget. En plus, en Tunisie, les gens de l'hôtellerie ont le savoir-faire qui semble encore manquer à nos restaurateurs et autres hôteliers.
Certes, l'accueil en certains endroits, et notamment aux frontières de Tunisie, laisse souvent à désirer, mais cela n'est qu'accident de parcours, et quand on sait fermer les yeux sur certains détails, on peut passer des vacances assez agréables. Ainsi parlent des jeunes entrepreneurs, qui viennent de passer quelques jours sur la côte tunisienne et qui sont revenus enchantés de leur séjour. Par contre, d'autres louent le Maroc.
Ils disent que, des trois pays du Maghreb, le Maroc est la meilleure destination pour prendre quelques jours de vacances. Les uns et les autres louent le service des plus impeccables et surtout des prix réellement abordables.
Et ce ne sont pas les rares fortunés qui se paient des vacances en Grèce, en Italie ou ailleurs, qui feront dire que le tourisme relève de la culture nationale. Il est évident que si les pouvoirs publics veulent bien se pencher sur la question et rendre attractifs nos stations balnéaires et d'autres endroits qui, en fait, rivalisent de beauté avec d'autres sites tout aussi prisés dans le monde, peut-être que les citoyens finiront par y prendre goût.


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