Le procès des deux journalistes de l'hebdomadaire Al Watan al An reprendra aujourd'hui. Ils sont accusés de publication de documents confidentiels. Décidément, il ne fait pas d'être journalistes au Royaume chérifien. Comme l'épée de Damoclès, les suspensions et les interpellations pèsent sur la tête des journalistes et se succèdent. Après le procès intenté aux deux journalistes de l'hebdomadaire Al Watan al An, c'est au tour du directeur de Tel Quel et Nichane d'être réentendu par la police. Ahmed Benchesi, déjà interrogé samedi et dimanche, a été convoqué, hier, par la police au commissariat central de Casablanca. Crime de lèse-majesté? En effet, sur décision du Premier ministre marocain, Driss Jettou le dernier numéro double (113 et 114) de Nichane (en arabe) et celui de Tel Quel édités samedi soir, ont été saisis par la police. Par ailleurs, Ali Amar, directeur d'un autre magazine, Le Journal Hebdomadaire, a qualifié de «censure préalable» la décision prise, hier, par son imprimeur de bloquer l'édition du magazine en attendant l'accord du ministère de la Communication. «C'est vraiment le retour aux années 70 où toutes les publications marocaines devaient être soumises à la censure préalable», a affirmé le directeur du Journal Hebdomadaire, après la décision de son imprimeur de soumettre le dernier numéro à l'approbation du ministère de la Communication Dans un communiqué, le Premier ministre marocain a motivé sa décision de saisie du dernier numéro de Tel Quel par les propos contenus, dans son édito signé par le directeur de la publication, M.Benchemsi. La raison: «Manque de respect au roi». Dans son communiqué laconique, le Premier ministre dénonce des «dérapages qui sont contraires aux lois, à la moralisation de la vie publique, à la restructuration du paysage médiatique escomptée, en général, et de la presse écrite, en particulier». C'est la seconde fois que le journal Nichane se retrouve au banc des accusés. En janvier 2007, deux journalistes de Nichane avaient été condamnés à trois ans de prison avec sursis et une amende de 80.000 dirhams (7220 euros) pour avoir publié un dossier intitulé Comment les Marocains rient de la religion, du sexe et de la politique. Ils avaient été condamnés pour «diffamation envers l'Islam et la monarchie». Un argument loin de faire l'unanimité au sein de la presse marocaine qui a réagi par l'intermédiaire de son syndicat. Ce dernier a appelé à un arrêt de travail d'une demi-heure, pour aujourd'hui, en signe de solidarité avec les deux journalistes de l'hebdomadaire Al Watan al An, poursuivis pour «publication de documents confidentiels» sur la lutte antiterroriste. Le procès s'ouvrira aujourd'hui après avoir été reporté le 2 août dernier. «Même s'il s'agit de cas différents, nous assistons à une offensive généralisée contre la presse menée par les autorités qui font preuve d'une fébrilité extrême», a souligné M.Benchemsi.