«L'activité portuaire se porte bien financièrement. Nous refusons une quelconque proposition de privatisation». C'est en ces termes que s'est exprimé, hier, le président du syndicat du port d'Alger, Maâmar Guermache, qui s'est déplacé à notre rédaction, expliquant la position de son syndicat à propos des investissements émiratis dans les ports d'Algérie. M.Guermache nous a fait part de la réaction de la coordination nationale des syndicats des ports d'Algérie à ce sujet. Celle-ci dénonce et rejette les négociations survenues dernièrement entre la société étrangère Dubai Port World (DWP) et le ministère des Transports dans le cadre de la gestion des conteneurs au port d'Alger. Lors du dernier déplacement de la délégation des hommes d'affaires émiratis à Alger, la question a été évoquée de nouveau. Les investisseurs émiratis veulent, en fait, présenter une nouvelle vision sur la privatisation des ports algériens et convaincre le partenaire social dans ce sens. «Pour nous, avoir 50% dans la gestion des conteneurs n'est pas un investissement, mais un pillage», nous a déclaré M.Guermache qui ajoute: «Leur seul profit et d'accaparer nos richesses nationales». Le ministre des Transports, M.Maghlaoui, continue, quant à lui, à soutenir qu'«il ne s'agit nullement d'une privatisation des ports qui demeurent propriété de l'Etat, mais juste d'une mise en concession des activités commerciales». Le but des pouvoirs publics est de moderniser, selon lui, l'activité portuaire en faisant appel au privé à travers la formule de concession. «Près de 70% des recettes de l'activité portuaire proviennent des conteneurs. Pourquoi toucher alors à cette activité?», s'interroge le président du syndicat du port d'Alger. «Devant cette situation, les travailleurs des ports d'Algérie relèvent le défi d'être performants et rentables», lit-on dans la déclaration de la coordination. Il suffit, selon ses représentants, que les pouvoirs publics mettent les moyens matériels adéquats à la disposition des entreprises portuaires pour faire face à la concurrence. Les représentants de la coordination rappellent, également, qu'il a été convenu qu'aucune décision ne sera prise dans ce domaine sans la consultation, au préalable, du partenaire social. «La tutelle n'a pourtant pas respecté ses engagements envers les syndicats», nous a indiqué M.Guermache. Les syndicats qualifient cette situation d'alarmante et préoccupante. Ils appellent les pouvoirs publics à mettre un terme au processus de partenariat et de privatisation des ports. La coordination met en garde les pouvoirs publics contre toute idée nouvelle de privatisation des ports par une formule de filialisation ou de partenariat étranger. Les syndicalistes menacent de prendre toutes les mesures nécessaires et légales leur permettant de faire valoir leurs revendications. «Si la gestion des conteneurs au port d'Alger est confiée aux Emiratis, nous ferons la grève», conclura M.Guermache.