Tous les indicateurs fondamentaux sont fragiles, à la veille de la rentrée sociale. Nouveaux signaux d'une crise sociale. Flambée des prix, inflation à la hausse et pénurie de certains produits de base. Le constat est amer. C'est toute la politique du gouvernement qui est remise en cause. Pourtant, une assise a été faite, en septembre 2006, en partenariat avec l'Ugta et le patronat aux fins de faire face à d'éventuels problèmes. On avait tendance à l'appeler -jusqu'ici- accord de «paix sociale». Une année après la 12e tripartite de septembre 2006, cette paix s'est davantage fragilisée. En dépit des revalorisations salariales, et l'optimisation fiscale décidées, la page reste vierge. Pis, au tableau de bord se signalent une productivité en stagnation, un taux d'utilisation des capacités des plus inférieurs, une croissance très faible en comparaison avec les ressources injectées. En termes de chiffres, le taux de croissance flirte à peine avec la moyenne africaine qui est de 5 à 6%, tandis que d'autres pays développent une meilleure croissance sans pour autant faire appel à des plans de relance. Sur le plan social, les effets sont néfastes. Secret de Polichinelle. D'autres voyants sont au rouge: les exportations hors hydrocarbures stagnent ainsi que le secteur de la recherche et du développement, le taux de création d'entreprises est des plus bas, soit 70 pour 100.000 habitants, alors que dans d'autres pays, ce chiffre avoisine la barre des 300 entreprises pour la même proportion d'habitants. Cela dit, tous les indicateurs fondamentaux sont fragiles, à quelques encablures seulement de la rentrée sociale. La crise sociale qui se profile à l'horizon est l'effet direct de la politique économique menée. Et dire que les opérateurs économiques, partenaires privilégiés, n'ont cessé de faire des propositions, à même de ralentir cet engrenage. La prise en charge fait défaut. La régulation aussi. Car l'Etat a été appelé à mettre en place des mesures aux fins de dynamiser l'économie nationale. Celle-ci est toujours à l'état de stagnation. Nul n'est en mesure de maquiller cette triste réalité. L'Etat, au lieu d'encourager la productivité a opté pour l'importation. Résultat: une facture de près de 18 milliards de dollars. Impensable! Dans la foulée, le différentiel entre le dollar et l'euro a sérieusement aggravé les pertes. En septembre dernier, lors de la 12e tripartite, le gouvernement Belkhadem s'est engagé à donner la priorité à la production nationale, pratiquer des allégements fiscaux et subventionner les charges dues à des actions de mise à niveau. Le même gouvernement, reconduit le mois de mai dernier, a signé également un document l'engageant à solutionner des questions influentes sur les activités économiques, telles les lourdeurs bureaucratiques, le non-accompagnement bancaire et la fraude fiscale. Quelques mois après, ni la revalorisation salariale, encore moins l'optimisation fiscale ne sont rendues effectives. Dans le fond, les patrons critiquent un certain laisser-aller du gouvernement. Mais, par là même, ils appellent à intervenir vite pour se retirer, ensuite, et assumer uniquement la mission de régulation. «L'Algérie, en plus de ses besoins, a franchi un seuil dangereux des dépenses dans les importations», fera remarquer Boualem M'rakach, président de la Confédération algérienne du patronat. Il a mis en évidence, sur sa lancée, le fait qu'il y a véritablement matière à inquiétude. Notre interlocuteur, joint par téléphone, laisse entendre que «des mesures incitatives sont nécessaires pour redynamiser l'ensemble des activités économiques, mais surtout sur le plan investissement et productivité». En un mot, si la productivité est faible, ainsi que le pouvoir d'achat des Algériens, la faute incombe au gouvernement qui se contente de promesses. En toile de fond, se pose la problématique des IDE qui sont privilégiés au détriment d'un capital national de plus en plus délaissé, auquel cas dans quelques années, 80% des secteurs industriel et bancaire seront entre les mains des étrangers. Et par conséquent, c'est un danger pour l'économie nationalem. Les effets commencent à se faire ressentir sur le plan social. Habib Yousfi, président de la Confédération générale des entrepreneurs algériens (Cgea), déclare carrément qu'on est «sur le seuil d'une crise sociale aiguë et grave». Pour notre interlocuteur, le maillon faible est l'absence d'un dialogue permanent et constant avec les pouvoirs publics. Habib Yousfi propose de soutenir encore la production nationale par la levée des contraintes fiscales, la suppression de la TVA et la défiscalisation de certains produits. De ce fait, le staff gouvernemental est appelé à réduire ses vacances au risque de se retrouver face à une grave crise sociale.