Le front social bouillonne, la machine économique est en panne, avec le risque de conséquences plus néfastes à moyen et long terme. L'enjeu est d'encourager l'émergence d'un capital national. La crise sociale qui pointe à l'horizon n'est pas l'effet du néant. Le boulet a trop traîné avant qu'il ne devienne surchauffé. Hausse vertigineuse des prix, inflation qui va crescendo et pénurie de certains produits de base. La productivité, elle, est insignifiante en comparaison avec les ressources budgétaires injectées pour permettre la survie des entreprises. C'est l'échec de toute la politique économique du gouvernement qui tente encore de mettre la société sous la perfusion de pseudo-solutions. Car, bon gré, mal gré, l'importation défiscalisée des produits de base ne fera que temporiser le boom. Selon la dernière situation de l'économie nationale, la productivité continue à être à l'état de stagnation, un taux d'utilisation des capacités des plus inférieurs, une croissance très faible en comparaison avec les ressources injectées. Economiquement, les entreprises nationales ne pouvaient être que destructrices de richesses car, le budget injecté pour les maintenir en survie est nettement supérieur au taux de production récolté. Le langage de chiffres est si vulgaire aussi. Le taux de croissance flirte à peine avec la moyenne africaine qui est de 5 à 6%. Et ce, en dépit de tous les plans de relance économique et d'une paillasse financière de plus de 140 milliards de dollars. La concrétisation fait défaut. Il faut admettre le fait que d'autres pays ont réussi à développer une meilleure croissance sans pour autant faire appel à des plans de relance. Le résultat de cette politique: le front social bouillonne, la machine économique en panne, avec le risque de conséquences plus néfastes à moyen et long terme. L'enjeu est d'encourager l'émergence d'un capital national. Les mesures fiscales décidées en faveur des investisseurs nationaux ne sont pas encore concrétisées. Ce qui fait que les exportations hors hydrocarbures demeurent au stade le plus bas de la pyramide. A défaut donc d'une production nationale, le gouvernement a choisi à nouveau d'aller vers les grandes importations. Le taux de création d'entreprises en Algérie est des plus faibles, soit 70 pour 100.000 habitants, alors que dans d'autres pays, à l'instar de la Tunisie et du Maroc, ce chiffre avoisine la barre des 300 entreprises pour la même proportion d'habitants. Les compétences et cadres nationaux ne cessent de s'offrir à la disposition d'autres pays, le secteur de la recherche et du développement stagne et ne bénéficie que d'un simple budget annuel qui ne peut être que celui destiné au fonctionnement d'un établissement. Cela dit, les indicateurs fondamentaux sont si fragiles, à quelques encablures seulement de la rentrée sociale. C'est une réalité amère que l'on ne peut gommer même à coup de baguette magique. Une chose est sûre, le pays ne peut être remis sur les rails de développement si les priorités ne sont pas prises en charge d'une manière concrète. Si le gouvernement avait réellement oeuvré pour l'émergence d'un capital national privé et public et, par ricochet, encourager la productivité, il ne serait pas contraint, aujourd'hui, à recourir à l'importation de la pomme de terre. Pis, la facture de près de 18 milliards de dollars. Le gouvernement a échoué sur le plan économique. Reconduit à deux reprises, ce même gouvernement peine encore à solutionner les questions de base ayant une influence sur les activités économiques, telles les lourdeurs bureaucratiques, le non-accompagnement bancaire et la fraude fiscale. Ou bien c'est un échec pur et simple ou bien c'est un laisser-aller. Pour le moment, aucun ministre, du moins de ceux qui dirigent les secteurs les plus névralgiques, n'a détecté les défauts de sa besogne. L'équation est simple, si la productivité est faible, ainsi que le pouvoir d'achat des Algériens, la faute incombe au gouvernement qui se contente de promesses, en l'absence surtout d'un secteur privé en mesure de relever le défi. En toile de fond se pose la problématique des IDE qui sont privilégiés au détriment d'un capital national de plus en plus délaissé. Si la même politique sera encore maintenue, 80% des secteurs industriels et bancaires nationaux seront entre les mains des étrangers dans les quelques années qui viennent. Ce sera un risque majeur pour l'économie nationale surtout lorsqu'on commence à rapatrier les dividendes. Il est temps de revoir les copies.