Louisa Hanoune monte au créneau. La porte-parole du Parti des travailleurs remet en cause, une fois encore, la politique gouvernementale. Elle fait de l'antiprivatisation son cheval de bataille. Tout en soulignant positivement l'initiative de l'Exécutif ayant trait à la mise en place d'un comité ad hoc chargé de suivre au quotidien les tendances du marché, Louisa Hanoune n'exige ni plus ni moins que la mise en place d'un comité de salut national. Intervenant à l'ouverture de l'université d'été de son parti, qui se tient à Boumerdès, Louisa Hanoune exige, d'emblée: «Il faut plutôt mettre en place un comité de salut national». La raison: la gravité de la conjoncture socioéconomique que traverse actuellement le pays, et ce, notamment à la veille d'une rentrée sociale caractérisée par la flambée des prix des produits de large consommation et l'érosion du pouvoir d'achat. Ce qui présage, selon la conférencière, une rentrée «explosive». «Le front social bouillonne et envoie des signes plus qu'inquiétants, ce qui nécessite la mise sur pied de ce comité de salut» soutient Louisa Hanoune. Et d'ajouter: «La situation empire, même les patrons appréhendent cette situation de détresse sociale.» Pour y faire face, Louisa Hanoune, en cette période de précampagne électorale, et se basant sur une étude faite par l'Ugta, revendique un Snmg supérieur à 27.000DA. «Au-dessous de 27.000DA, une famille de sept personnes, même en consommant les produits locaux, ne pourra ‘'jamais'' vivre», avance-t-elle. Sur sa lancée, la première Dame du Parti des travailleurs exige du gouvernement l'ouverture d'une commission d'enquête pour déterminer et situer les responsabilités ayant engendré «cette situation de chaos tous azimuts» qui, selon l'intervenante, n'incombe pas aux seuls spéculateurs. Suivez mon regard. Pour Louisa Hanoune, si des mesures ne sont pas prises dans les plus brefs délais pour faire face à la situation générée par le retrait de l'Etat de sa fonction de régulateur en «faveur des tenants de l'économie de bazar», un pourrissement «est à craindre au même titre qu'un effondrement de l'économie nationale, à la manière de l'Argentine». Sur la même lancée, et fidèle à son discours, Louisa Hanoune tire à boulets rouges sur le processus de privatisation qu'elle qualifie de politique de fait accompli et de la terre brûlée. Pour Louisa Hanoune, la privatisation consiste à liquider tout le patrimoine économique national au profit de pseudo-investisseurs étrangers. Allusion à la dernière offre des Emiratis relative à la gestion du port d'Alger, qui veulent, selon toujours l'oratrice, avoir la mainmise sur le secteur portuaire par la grâce de la politique de «concession-privatisation». Décidément, on voit le diable partout. Toujours dans le cadre des dénonciations du processus de privatisation, et tout en apportant son soutien au syndicat de Mittal Steel, Louisa Hanoune ne demande pas plus que la renationalisation du complexe sidérurgique d'El Hadjar. «Un fleuron de l'industrie algérienne cueilli par des mains étrangères et dont la décision de compression des effectifs est motivée par la fin des engagements relatifs au maintien de la main-d'oeuvre, pris par les Indiens de Mittal Steel en 2001, en mettant en avant leur option et philosophie dites de plus d'intérêt avec moins d'effectifs», avance Louisa Hanoune. L'Entreprise nationale des gaz industriels (Engi) est l'autre entité défendue par la conférencière. «66% des actions cédées à une entreprise allemande» seront un outil de pression contre les entreprises algériennes utilisant le gaz industriel selon l'oratrice, qui poursuivra: «L'Etat ne peut pas abandonner ces joyaux. Il doit avoir un droit de préemption et mettre des balises à travers des clauses appropriées contre l'hégémonie des entreprises étrangères». L'intégration à l'OMC est assimilée par le PT à une mise à mort certaine de la très jeune industrie algérienne. Très à cheval sur le thème de la souveraineté nationale, Louisa Hanoune exige l'annulation de la loi 01/4 relative à la privatisation et celle de l'ordonnance portant loi sur les capitaux marchands. Abordant la question du chômage, Louisa Hanoune s'interroge sur la véracité des chiffres avancés. Pour preuve, le nombre de chômeurs augmente et le pays est vidé de sa sève. «Plus de 100.000 cadres ont quitté le pays», selon la secrétaire générale du PT. La situation des retraités n'était pas omise par la conférencière pour laquelle le flou continue à entourer la santé réelle de la CNR, où l'asphyxie est due, selon l'oratrice, au dégraissement de la Caisse par le déboursement entre 96 et 97 de 250 milliards de dinars ayant pris en charge les deux catégories de retraites anticipées, résultat de la politique de privatisation que Louisa Hanoune considère «accélérée» et «illégale».