«L'importance de cet événement a été une aspiration que nous concrétisons aujourd'hui». Le Parlement réunissant ses deux Chambres a adopté à l'unanimité, hier le projet de loi portant sur l'amendement constitutionnel conférant à tamazight le statut de langue nationale. Le Parlement réuni en congrès exceptionnel, a voté cette révision par 482 voix. Aucun député ou sénateur n'a voté contre et seules deux abstentions ont été enregistrées, celles d'un député du MSP et un d'Ennahda. En revanche, le président de la séance, M.Abdelkader Bensalah, a fait état de l'absence de trente députés et de quelques sénateurs, essentiellement ceux du RCD et du FFS qui ont décidé de boycotter cette cérémonie considérant que cette démarche était une grossière manoeuvre visant à pousser ces partis à aller aux élections et à calmer les esprits dans la région. Dans son allocution, le président de l'APN a déclaré que la position des parlementaires est «une grande réalisation, un tournant important dans l'histoire de la nation et un prélude pour une étape importante vers le parachèvement de la consécration des composantes de l'identité algérienne». Le responsable de la première Chambre a ajouté que les décisions prises par les parlementaires «en toute souveraineté» dénotent un grand courage et que le Parlement aura ainsi réalisé la cohésion en clarifiant la place de tamazight et en s'engageant à la promouvoir pour qu'elle retrouve sa place dans son environnement naturel. De son côté, le Chef du gouvernement, dans un long discours, a souhaité que «cet événement historique» trouve un écho chez les enfants de Kabylie pour le rétablissement de la sécurité et de la quiétude à travers l'ensemble du territoire national et pour se consacrer enfin au règlement des problèmes socio-économiques que connaissent cette région et d'autres du pays. Il a ajouté à ce propos, que les autorités publiques «s'emploieront à surmonter les effets de la crise pour en faire un exemple et rester attachées aux intérêts suprêmes du pays». Le Chef du gouvernement a réitéré son appel aux enfants de Kabylie précisant que leur adhésion pèsera lourd sur «l'importance de cet événement qui a été une aspiration et que nous concrétisons aujourd'hui». M.Benflis a souligné, par ailleurs, que la nation algérienne tend à cristalliser l'identité nationale avec sa dimension amazighe qui est, a-t-il affirmé, un patrimoine commun à tous les Algériens et l'une des composantes essentielles de l'identité nationale. Le Chef du gouvernement a mis l'accent sur la nécessité de promouvoir tamazight dans toute sa diversité linguistique à travers le territoire national, de lui assurer la place qui lui revient dans les secteurs de l'éducation, de la culture et de la communication et de la mettre, à l'instar des autres composantes de l'identité nationale, à l'abri de l'exploitation politicienne. Insistant sur la pérennité de l'Etat, il affirme qu'elle dépend du maintien des liens entre la génération d'aujourd'hui et celle de demain, en vue de préserver les valeurs essentielles garantissant l'unité de la société algérienne. Il a affirmé que l'Algérie de la modernité et de la démocratie, partie intégrante du monde arabe, de l'Afrique et de la Méditerranée, doit assimiler ses spécificités et ouvrir la voie à ses langues naturelles authentiques traduisant ses racines ancestrales. M.Benflis a ajouté enfin que la constitutionnalisation de tamazight langue nationale n'est que le couronnement d'un processus consacré par l'exercice institutionnel et par les fondements politiques, culturels et civilisationnels. M.Benflis a déclaré enfin, que la reconnaissance de tamazight par la Constitution comme langue nationale, intervient pour combler le vide existant entre le préambule qui énonce que l'Islam, l'arabité et tamazight sont les composantes fondamentales de l'identité nationale et les dispositions de la Constitution qui n'ont pas pris en compte, à ce jour, le statut de tamazight. Les députés se sont séparés avec la satisfaction d'avoir réalisé un rêve vieux de quarante ans, que les anciens gouvernants avaient du mal à gérer.