La récente pénurie de levure et la spéculation qui s'en est suivie aussitôt, au niveau de certains grossistes, faisant passer le prix de la levure Saf de 2 600 DA à 3 200 DA les 10 kg n'a pas laissé indifférente la nouvelle Fédération des boulangers et pâtissiers affiliée à l'UGCAA. En effet, lors d'un point de presse qui s'est déroulé hier matin à Oran, les représentants des boulangers ont tenu à dénoncer la spéculation orchestrée autour de la pénurie de levure. “Cette pénurie a pénalisé les boulangers et les citoyens. Selon le représentant et principal fournisseur de cette levure en Algérie que nous avons contacté, c'est suite à la découverte d'un lot de levure impropre à la consommation importé de Chine que des mesures de suspension temporaires ont été prises par les douanes”, explique M. Benmrah. “Il n'y a que depuis quelques jours que la levure est à nouveau distribuée. Malheureusement, nous allons subir une autre augmentation en raison de la montée des cours mondiaux de la mélasse qui est utilisée aussi pour les biocarburants”. Comme première parade à ces problèmes récurrents de pénurie et de distribution, la fédération se propose, en accord avec le principal fournisseur français, de créer des centres de dépôt à l'ouest, à l'est et au centre du pays, assurant ainsi aux boulangers un approvisionnement plus sûr. Revenant surtout sur la question très sensible du prix de la baguette, qui est officiellement de 7,50 DA et le pain amélioré à 8,50 DA, les représentants de la fédération affirment ne pas vouloir demander d'augmentation du prix du pain : “Soyons clairs, nous ne demandons pas aux pouvoirs publics une augmentation des prix, mais nous demandons de nous alléger les charges et les taxes qui frappent notre activité de plein fouet. Il faut savoir qu'aujourd'hui une baguette de pain revient au boulanger à 11,80 DA.” Parmi ces charges évoquées par les boulangers, le paiement d'une taxe de l'environnement de 8 000 et 9 000 DA, une autre taxe d'évacuation des eaux usées : “Le boulanger n'a jamais été un pollueur, pourquoi nous imposer ces taxes ? Sans compter les impôts”, réagit notre interlocuteur qui poursuit : “Certes, l'Etat soutient le prix de la farine, mais il faut soutenir le prix des autres matières premières comme la mélasse. Déjà que nous avons régulièrement une augmentation des charges d'électricité, d'eau, etc. le boulanger n'arrive plus à tenir.” D'autres intervenants dénoncent encore la TVA de 12% qui leur est imposée en qualité de transformateur, alors que ceux qui revendent en l'état la matière première ne paient que 6%. Une aberration de plus, selon nos interlocuteurs. Sur le bureau du ministre du Commerce, une étude élaborée par les boulangers et pâtissiers où tous ces points sont évoqués. Après la restructuration de cette profession, ces derniers attendent l'ouverture de discussion et des mesures d'encouragement et d'appui de la part des autorités. Par ailleurs, nous apprenons que la Fédération des boulangers et pâtissiers s'apprête à signer une convention avec la société Enasel, pour la fourniture de sel non iodé pour permettre ainsi aux boulangers d'éviter d'utiliser du sel iodé, commercialisé illégalement sous de fausses appellations et qui provoquent des complications pour la santé des consommateurs. Quant au métier de boulangers pâtissiers, une école de formation va voir le jour à l'initiative du principal fournisseur de levure en Algérie et permettre ainsi la relève pour une profession en crise. Djamila Loukil