Sous le règne de Hassan II, Driss Basri était le numéro deux du régime. Il cumulait les portefeuilles de ministre de l'Intérieur et de l'Information, et à ce titre il était l'oeil et l'oreille du roi, mais surtout son bâton. Elevé au rang de ministre d'Etat, il était, en réalité, le bras droit de Sa Majesté. Les opposants politiques au régime monarchiste lui reprochent ses atteintes répétées aux droits de l'homme, aux disparitions forcées, et en tant que responsable du Makhzen, sa politique de répression était connue de tous. Néanmoins, sa disparition précoce, des suites d'une longue maladie, à l'âge de 69 ans, fait dire à de nombreux observateurs qu'il emporte ses secrets dans sa tombe. Né à Settat le 8 novembre 1938, d'un père gardien de prison, l'ancien ministre de l'Intérieur et de l'Information avait débuté sa carrière dans la police, en tant que commissaire principal à la Sûreté régionale de Rabat, avant d'occuper le poste de directeur des affaires générales et du personnel d'autorité au ministère de l'Intérieur. Licencié en droit, titulaire d'un doctorat de 3e cycle, et d'un doctorat en droit public, Driss Basri était considéré, sous Hassan II, comme l'exécuteur des basses oeuvres pour ses contempteurs, plutôt un serviteur zélé pour ses partisans. Il fut remercié en 1999 par le nouveau souverain chérifien, le roi Mohammed VI. «Il est mort ce matin, à l'hôpital» a affirmé un de ses proches. Au Maroc, la nouvelle a été annoncée brièvement par l'agence MAP, qui a présenté sa biographie sans aucun commentaire. Mais pour les défenseurs des droits de l'homme, dont certains furent d'anciens détenus politiques, la nouvelle a un goût amer: «Cet homme est parti comme d'autres responsables de graves atteintes aux droits de l'homme, après avoir vécu dans l'impunité» a entre autres déclaré Abdelillah Ben Abdeslam. Avant d'ajouter qu'avec lui vont être enterré un certains nombre de vérités concernant les droits de l'homme. Trahi par le général Oufkir puis par Ahmed Dilmi, le roi Hassan II s'était résigné à faire de cet homme de l'ombre efficace, son homme de confiance, plutôt son homme de main. A ce titre, il était surnommé le grand-vizir, ou le vice-roi.