C'est sous une chaleur caniculaire que le procès de l'affaire Bouchaoui s'est poursuivi hier au tribunal de Chéraga où une armée d'avocats a défendu une partie des 165 accusés de cette intrigue chargée de non-dits et aux relents politiques. La salle d'audience était alors hantée par des fellahs le plus souvent quinquagénaires qui se retrouvent par un fait d'un concours de circonstances. Outre le fait qu'ils soient définis par l'administration comme indus occupants de terres qu'ils ont toujours habités, les voilà qui se voient accusés dans ce qui est communément appelé l'affaire Union Bank (et sa dérivée filiale Union agro) de trois chefs d'inculpation, à savoir: dilapidation d'argent public, association de malfaiteurs et violation du foncier agricole. Car l'objet de ce conflit n'est autre que les exploitations agricoles (EAC de Bouchaoui). Mais, c'est en l'absence du principal accusé M.Hadjas patron de l'institution financière sus-citée, que les robes noires se sont donc relayées à la barre pour plaider tous en faveur de l'innocence de leurs mandants. Presque tous les avocats ont en effet descendu en flammes les arguments de l'accusation. Ils ont rejeté le caractère pénal à ce dossier dont l'instruction à les en croire a été «bâclée» car comportant énormément de vices et présentant des failles qui la font finalement relever plutôt du Code civil que du Code pénal. Ils ont argué qu'aucun texte pénal ne punit celui qui cède une exploitation agricole monnayant une somme d'argent. Ajoutant qu'aucun PV ne fait mention d'une quelconque entorse à la loi dans la liste des cas qui leur ont été soumis. Auxquels cas il aurait tout de même fallu recourir au civil. Les avocats qui ont reconnu aux fellahs le droit de céder leurs exploitations ont en outre expliqué que l'on ne peut criminaliser l'usufruit et le droit de jouissance. Plus loin la défense a même ménagé Brahm Hadjas en affirmant qu'il a le droit de posséder une seule exploitation. A priori, le verdict de cette affaire ne sera connu que samedi prochain. Entre temps les avocats maintiennent: «Nous n'avons pas à faire le procès des intentions!» poursuivant que l'Etat a un moment donné laissé les fellahs livrés à eux même en ne leur concédant aucune aide pour l'exploitation de leurs terre. Ce qui les a poussé à céder des terres qui n'ont finalement aucunement perdu leur vocation agricole.