Il est clair que si les Algériens en veulent aux candidats, ce n'est jamais sans raison. C'est maintenant confirmé, les bureaux de vote rouvriront leurs portes en Algérie le jeudi 29 novembre 2007 pour élire les représentants locaux. La grande question qui éclipse toutes les autres est de savoir si ces élections attireront plus d'électeurs que lors des dernières législatives. Mais pour que la question ait un sens il faut d'abord s'interroger sur ce qui a pu changer depuis et qui puisse faire la différence. En vérité peu de choses, pour ne pas dire rien, ont bougé depuis le taux d'abstention record enregistré lors des législatives. Un taux d'abstention dont le message n'a pas ébranlé outre mesure la sérénité de notre personnel politique. Un taux d'abstention qui ne fait pas rougir les députés qui vivent tranquillement leur nouvelle condition sociale. Le reste? Peu de chose! Parmi les qualificatifs auxquels a eu droit notre bon peuple deux resteront inscrits dans l'histoire de nos institutions. Deux qualificatifs prononcés par deux leaders de parti juste après la publication de résultats de scrutins qui leurs étaient défavorables. Le premier les a traités de «ghâchis» tandis que le second affirmera s'être trompé de société, entendez par là qu'elle (la société) est attardée. Que du mépris voilà à quoi ont eu droit jusque-là les citoyens-électeurs. Du côté du pouvoir, ils n'ont pas été mieux servis puisque jusqu'à une date récente le bourrage des urnes et le trucage des élections faisaient partie du fonctionnement normal des institutions. Les électeurs ne servaient qu'aux images des photographes de presse et autres caméramans. Un alibi, c'est tout. C'est dans ce même état d'esprit que le dernier taux d'abstention n'a pas ému grand monde du côté des «représentants du peuple». Pourtant, la situation est en train de changer dans notre pays. Lentement peut-être mais profondément. Deux grands paramètres permettent de l'affirmer. La réconciliation nationale est définitivement ancrée dans la conscience des Algériens tandis que l'importante politique sociale engagée commence à donner ses fruits que ce soit dans le domaine du logement, de l'emploi ou de la subvention des denrées de première nécessité. Même si cette politique sociale n'est pas exempte de reproches dans son application. Il manque cependant à ces deux paramètres un troisième aussi important: un engagement plus étroit des Algériens dans la vie de leur pays ou, si l'on veut, une plus grande citoyenneté. C'est pourquoi, il est important que l'abstentionnisme recule et que l'échéance du 29 novembre prochain soit mise à profit dans ce sens. Il est clair que jusque-là l'Etat n'a pas fait preuve de grande pédagogie pour expliquer aux électeurs l'importance de l'acte citoyen de voter et de mettre en exergue toute la différence qu'il y a entre une abstention et un bulletin nul. Alors que les Algériens, c'est le sens de leur message dans le taux d'abstention des législatives, en veulent aux candidats qu'ils devraient sanctionner par un bulletin nul, ils le font en désertant les urnes. En tournant le dos à la République. Un amalgame et une erreur que l'Etat doit impérativement lever par tous les moyens. Il est clair aussi que si les Algériens en veulent aux candidats, ce n'est jamais sans raison. La première de ces raisons est la corruption qu'aucune action ne semble pouvoir endiguer. C'est pourtant là qu'il faudra agir si l'on veut faire reprendre le chemin des urnes à l'électeur. Comment veut-on que les Algériens puissent croire un traître mot de tous les discours dont vont les saouler les partis et leurs candidats quand dans le même temps personne ne leur parle de la loi qui fait obligation aux élus de déclarer leur patrimoine avant et après leur mandat parce que, précisément, il ne se trouve aucun responsable pour défendre l'application de cette loi. Et pour cause! Sans plus de commentaire.