Le FLN est prêt à endosser la prochaine loi sur la criminalisation de la colonisation si jamais elle aboutit. L'initiative est venue de certains députés du parti qui ont déposé un projet de loi au bureau de l'APN qui l'a renvoyé pour correction, a expliqué hier Belkhadem, dans une conférence de presse après les réunions de l'instance exécutive et du Conseil national en prévision du 9e congrès qui se tiendra en mars prochain. Sans donner de détail sur les réserves du bureau de l'APN, le patron du FLN n'a pas caché son soutien à la proposition tout en détaillant le cheminement du texte qui après l'aval du bureau de l'Assemblée est envoyé au gouvernement pour adoption avant sa soumission au vote des députés des deux Chambres. “L'Algérie est souveraine. Elle adopte les lois qui vont dans le sens de ses intérêts”, dit-il. La veille, dans une allocution improvisée, il n'a pas manqué de s'en prendre aux Etats-Unis et de dénoncer l'inclusion de l'Algérie sur la liste noire des pays à risques. Il ira plus loin en accusant les Etats-Unis de faire de la lutte contre le terrorisme un alibi pour imposer son hégémonie. Au sujet des scandales, de la corruption, il a affirmé que ces phénomènes existaient déjà, existent et pourraient exister à l'avenir. Il a exclu qu'il y ait pour l'instant une responsabilité politique et que les faits révélés ne sont pas établis par la justice. Il a proposé toutefois de bien définir les différentes catégories liées à ce délit pour mener à bien le combat qui ne relève pas seulement, selon lui, des services de sécurité et de la justice, mais de tout un chacun. Il a regretté que le phénomène ait touché même les élections. Il a, par ailleurs précisé, que si l'on focalise parfois sur certaines affaires, on risque d'en omettre d'autres, ce qui n'aidera pas la justice. Cela pour éviter, selon lui, la culture de la suspicion. Sur la question de la levée de l'état d'urgence qui n'a pas été évoquée lors des deux réunions, M. Belkhadem s'est exprimé en son nom personnel en disant que son maintien n'entrave pas les libertés et que cela est dicté par la persistance des actes terroristes. Ce sont les considérations sécuritaires qui sont à l'origine de son instauration et de son maintien. D'ailleurs, a-t-il souligné, hormis Alger où les manifestations sont interdites pour des raisons de sécurité, elles sont autorisées à travers le territoire national. M. Belkhadem a lâché du lest en laissant la porte ouverte devant les opposants. Ils pourront se présenter au congrès en tant que délégués élus de la base ou alors, s'ils le veulent, qu'ils me demandent de les inscrire sur ma liste. Le SG dispose d'une liste de 120 à 150 membres de son choix à désigner au congrès. Le groupe d'opposants dirigé par Abbas Mekhalif avait demandé le report du congrès, mais M. Belkhadem a refusé. Toutefois, son invitation à rejoindre le congrès sonne comme une réponse à leurs intentions de faire des actions contre le congrès. Ont-ils d'ailleurs menacé d'organiser un congrès parallèle. “Le statut est clair, tout ce qui sera fait en dehors de ce cadre est sans fondement et illégal”, dit-il. Il s'est, par ailleurs, longuement étalé sur le mode de désignation des délégués au congrès, leur nombre, la manière de les élire ou désigner, les assemblées générales, les conférences régionales en expliquant ces choix. Le congrès se tiendra les 19, 20 et 21 mars avec la présence de 3 560 délégués dont 540 femmes et 540 jeunes. Le 9e congrès verra aussi le retour des anciennes instances, le comité central, élu au congrès qui élira le SG, et le bureau politique. Quant à la présidence, elle reste à l'appréciation du congrès, mais le seul candidat est Bouteflika. Il y a lieu de rappeler que la veille, avant l'ouverture de la réunion du Conseil national, M. Belkhadem a tenu à faire un discours, non prévu au menu. Il s'en est pris avec véhémence à ceux qui n'ont pas respecté les consignes lors du vote pour le renouvellement de la moitié du Sénat. “Le FLN n'est pas un rassemblement pour des groupes, des clans ou une tribune pour l'expression d'orientations régionales ou de positionnement pour des individus ou des groupes”, a-t-il clamé. À l'endroit des “dissidents”, il dira que “le FLN est une tribune où s'expriment tous les militants dans le respect des statuts, dans le cadre fixé par les textes du parti. C'est un ensemble de valeurs et de principes qui garantissent la pérennité liée aux références de novembre et les intérêts suprêmes du pays”. Il a appelé les militants à faire une autocritique notamment après les résultats de ce scrutin, même si le parti a gardé la majorité. “Si nous avons gardé la majorité, nous n'avons pas atteint le niveau espéré sur lequel tout le monde s'est engagé lors des rencontres”, a-t-il affirmé. Il a proposé la mise en place de nouvelles mesures pour “en finir avec les comportements qui vont à l'encontre des valeurs et principes du parti”.