Après un long mutisme, imposé par le devoir de réserve, les deux hommes ont fini par briser le silence pour défendre la révision du texte fondamental. La révision de la Constitution serait imminente. C'est en tout cas l'impression qui ressort des discours prononcés hier, par MM.Abdelaziz Ziari et Abdelkader Bensalah, présidents respectivement de l'APN et du Sénat, à l'ouverture de la session parlementaire d'automne. Après un long mutisme, imposé par le devoir de réserve, les deux hommes ont fini par briser le silence pour défendre la révision du texte fondamental de l'Etat d'une manière explicite et sans réserve aucune. Le Parlement attendait-il le feu vert du président de la République? Après une décennie marquée par de nombreux événements, l'heure du changement est arrivé, pense M.Ziari. La révision de la Constitution est perçue dès lors comme une «alternative». «La révision constitutionnelle s'impose comme un impératif dans l'objectif de mettre les dispositions en adéquation autant avec les nouvelles réalités qu'avec les réformes réalisées», a-t-il expliqué. Il ajoute que cette démarche devra permettre également d'améliorer l'organisation des institutions du pays dans le sens d'une plus grande cohérence, notamment dans les domaines qui s'attachent selon lui à «l'organisation et au contrôle de toutes formes de pouvoirs.» Un avis partagé par M.Bensalah, qui estime que l'Algérie est appelée à «revoir d'une manière plus profonde et plus cohérente» le texte fondamental, et ce «en s'inspirant des rapports établis par les différentes commissions installées par le président de la République depuis son accession au pouvoir». Malgré cet engagement «très significatif» de ces deux personnages de l'Etat, aucun des deux n'était capable de dire quand le président soumettra le projet au référendum, ni même la procédure qui sera adoptée par M.Bouteflika. Approché par L'Expression, M.Bensalah s'est montré très peu prolixe: «J'ai tout dit dans le discours, lequel engage ma personne et l'institution que je représente», a-t-il déclaré. Abdelkader Ziari, de son côté, a saisi cette opportunité pour lancer un appel aux députés, les exhortant à contribuer à promouvoir la vie politique nationale et à garantir l'efficience de l'action parlementaire et améliorer les performances du système législatif national. L'ouverture de la session d'automne du Parlement a traduit aussi la grande inquiétude qui existe au sommet de l'Etat concernant la prochaine échéance électorale, à savoir les élections locales prévues pour le 29 novembre. Le spectre du boycott demeure perceptible. A ce propos, M.Ziari a souligné l'importance des locales, souhaitant à cet effet, la participation massive des citoyens qui restent «tributaires» selon lui du choix judicieux d'hommes et de femmes compétents aptes à gérer les affaires publiques à l'échelon local. «Nous fondons l'espoir que ces élections puissent être l'occasion d'une participation massive des Algériens qui exprimeront ainsi leur sens du patriotisme et de la citoyenneté qui les animent et l'importance du développement local dans la vie du citoyen». Moins diplomatique, Bensalah, lui, a lancé des critiques acerbes envers la classe politique et le mouvement associatif qui n'a, selon lui, «rien fait» pour calmer un front social en pleine ébullition. «L'été a été caractérisé par un degré grave de spéculations et des manipulations qui ont visé de prime abord la stabilité du pays.» a-t-il soutenu. Sur ce chapitre, le cadre du RND s'est démarqué paradoxalement des déclarations de Ahmed Ouyahia, secrétaire général du parti, en prenant la défense du gouvernement.: «La critique est admise quand elle est fondée. Mais personne n'a le droit de toucher à la paix sociale en gonflant les problèmes et cachant les véritables origines de la crise», a-t-il clamé. Au chapitre du programme prévu pour la session de printemps, il faut savoir que le Parlement sera prochainement saisi de l'examen du projet de loi de finances pour l'exercice 2008. Dans ce sens, le président de la chambre basse a jugé utile que l'institution législative et l'Exécutif gouvernemental engagent une «révision de la loi organique relative aux lois de finances» afin de l'adapter, a-t-il précisé, «aux mutations en cours et de mettre en place le cadre juridique adéquat pour la gestion des finances publiques». D'autres projets de loi ayant trait notamment aux secteurs de l'éducation, de l'enseignement supérieur et de la justice seront également traités. Il s'agit du projet de loi d'orientation sur l'éducation nationale, du projet de loi modifiant et complétant la loi d'orientation sur l'enseignement supérieur, le projet de loi modifiant et complétant la loi d'orientation et de programme à projection quinquennale sur la recherche scientifique et le développement de la technologie. Le projet de loi modifiant et complétant la loi relative aux procédures civiles et administratives et les projets de loi relatifs au système comptable financier et aux assurances sociales seront également examinés.