L'équation pouvoir d'achat/prix des produits de consommation restera posée aux yeux des citoyens et des experts. La rencontre tant attendue entre le gouvernement et son partenaire social, l'Ugta, aura lieu aujourd'hui. L'ordre du jour a depuis longtemps été arrêté. Il s'agit de préparer la rentrée sociale qui s'annonce explosive. L'érosion du pouvoir d'achat des citoyens et la flambée des prix des produits de consommation ont donné l'alerte sur une éventuelle grogne sociale aux répercussions dangereuses sur la stabilité du pays. Le thème central des pourparlers entre les deux parties portera sur la grille des salaires de la Fonction publique. L'équation pouvoir d'achat/prix des produits de consommation restera posée aux yeux des citoyens et des experts qui voient d'un mauvais oeil la politique des salaires suivie jusque-là par l'Exécutif. Il est prouvé maintenant qu'il ne sert à rien de gonfler les salaires si le circuit commercial et de distribution est laissé tributaire de la volonté des intervenants dans le domaine. Les spéculateurs et les «groupes d'intérêt», pour reprendre une formule consacrée, imposent un diktat horrible au su et au vu de tous. Focaliser la problématique de la «maîtrise» du front social par le truchement d'une politique salariale sans lendemain et non étudiée n'est que de la poudre qu'on jette aux yeux des citoyens écrasés par des dépenses et des charges insoutenables pour qu'ils restent dans le flou et le désarroi. L'absence du troisième partenaire social aux travaux du jour, à savoir le patronat, n'est pas un gage de réussite de la stratégie adoptée par le gouvernement qui semble privilégier une approche séparée, au coup par coup, avec ses partenaires sociaux pour régler la crise qui se profile à l'horizon. Le Forum des chefs d'entreprise (FCE), avait adressé une lettre à la chefferie du gouvernement pour attirer l'attention des pouvoirs publics sur les dangers de l'érosion continuelle du pouvoir d'achat des citoyens. Une manière d'alerter les pouvoirs publics sur l'urgence qu'il y a de prendre des mesures capables de mettre fin à l'anarchie qui caractérise le fonctionnement des circuit commerciaux. Le secrétaire national chargé de l'organique au sein de la Centrale syndicale, Salah Djenouhat, avait en effet annoncé le mois dernier que les négociation avec le gouvernement tourneront autour du taux d'augmentation des salaires des travailleurs, le principe d'une augmentation étant déjà acquis. Les mesures prises entreront en vigueur dès l'approbation de la nouvelle grille par le conseil des ministres. Une célérité dans la prise de décision qui a tout l'air d'une politique de sapeur-pompier à laquelle s'adonne l'Exécutif et son partenaire, l'Ugta, pour atténuer quelque peu le marasme qui secoue le front social. Cette stratégie de gestion du front social est justement dénoncée par l'un des acteurs de l'Alliance présidentielle, le RND qui par la voix de son secrétaire général, Ahmed Ouyahia, y voit une entreprise populiste qui ne réglera en rien le fond du problème. Aujourd'hui, le travailleur et le simple citoyen ne peuvent faire - à eux seuls- face aux effets du dysfonctionnement du commerce interne, aux échecs de la politique agricole et à la faune de spéculateurs qui agissent sans être inquiétés pour détrousser les salariés. Coïncidence du calendrier, la rentrée sociale s'accompagne par d'autres dépenses liées au mois de Ramadhan. Les Algériens, déjà éprouvés par un quotidien difficile à supporter à cause des prix insaisissables des produits de consommation, devront composer avec un long mois de dépenses sans oublier la rentrée scolaire. Le ministère de la Solidarité ne pourra pas atténuer la crise avec ses opérations de charité et d'assistanat à l'adresse de la couche des démunis, qui tend à s'élargir et, pompeusement appelées «couffin du Ramadhan» ou «opération cartable pour tous». Le 1,5 million de salariés qui seront touchés par l'augmentation annoncée ne savent pas encore si ce «cadeau» sera à la hauteur des attentes. La fourchette annoncée ne dépasse pas les 25%. Le gouvernement et son partenaire ont d'ailleurs rapidement démenti la forte rumeur qui annonçait une substantielle hausse des salaires à hauteur de 50% en direction du corps enseignant. Aujourd'hui, il faut bien le constater, les Algériens ont été contraints d'adopter un mode de vie basé sur la consommation en leur facilitant l'accès à des prêts bancaires pour l'acquisition de voitures et de produits électroménagers qui ont alourdi d'avantage le poids des dettes contractées pour subvenir aux exigences les plus élémentaires d'une vie au quotidien. Sur un autre plan, le débat touchera aux avant-projets des statuts particuliers qui ont été ficelés par les départements concernés par les corps de la Fonction publique. Ceux des enseignants des différents paliers attendent depuis des années déjà la promulgation de ces statuts qui feront sortir cette frange de la société du cadre de misère dans lequel ils ont été installés. Vraisemblablement, les Algériens sont passés au stade de la revendication du partage de la rente pétrolière faisant fi des arguments brandis par les pouvoirs publics qui tentent de lier toute politique salariale aux perfor-mances économiques réalisés. Une exigence qui ne semble pas s'appliquer à tous.