Les islamistes marocains confirment cependant leur avancée dans le champ politique légal marocain. Revers de la médaille! Le parti Istiqlal a créé la surprise aux législatives au Maroc. Contre toute attente, le plus vieux parti marocain arrive largement en tête des élections législatives avec 52 sièges. Cette formation nationaliste a coiffé au poteau les islamistes du PJD. Ceux-ci n'ont obtenu, selon les chiffres officiels rendus publics samedi soir, que 47 sièges. Donné par les premières estimations et pronostics comme favori de cette élection, le Parti pour la justice et le développement est arrivé, finalement en deuxième position. Ce résultat est-il une réussite ou un échec pour les islamistes? C'est plutôt les deux à la fois. L'échec d'abord: le résultat peut être qualifié de revers dans la mesure où le PJD n'a pas atteint les objectifs qu'il s'était assignés, devenir le,premier parti du pays, mais contré en dernier ressort par le Parti de l'Istiqlal qui leur a coupé l'herbe sous les pieds. Les islamistes ne sont donc pas parvenus à leur fin: assurer leur leader-ship sur le champ politique marocain. Le PJD, qui avait tablé sur 80 sièges au minimum, se retrouve avec 47 sièges, un léger mieux par rapport à l'assemblée sortante. Un objectif évaporé. Toutefois, le PJD a enregistré malgré tout une avancée de 5 siéges par rapport aux législatives de 2002. Le parti islamiste marocain disposait de 42 siéges. Le PJD a donc amélioré sa représentation dans la Chambre des représentants, mais une amélioration sans effet mesurable sur le champ politique. Il reste que cette avancée du parti islamiste, aussi minime soit-elle, n'en confirme pas moins la progression, lente certes, mais progression quand même d'un courant politique qui continue sa percée au niveau des institutions légales du Maroc. Si les islamistes dit «modérés», ou légalistes, frappent à la porte du pouvoir au Maroc, c'est qu'ils bénéficient quelque part de l'effet d'entraînement de l'arrivé de formations politiques islamistes au pouvoir, comme c'est le cas en Algérie et en Turquie, notamment. En Algérie: des islamistes modérés sont associés au pouvoir dans le cadre de l'Alliance présidentielle. Le cas du MSP en est le parfait exemple. Cette formation fait partie du cercle présidentiel. Le parti de Bouguerra Soltani joue un rôle important dans la prise de décision politique qui concerne la nation. La mouvance islamiste en Algérie a connu des chemins divers: il y a ceux qui se sont intégrés dans le jeu politique républicain à l'instar du Mouvement de la société pour la paix (MSP), El Islah de Djaballah ou An Nahdha et ceux qui ont choisi l'aventure comme l'ex-FIS. Cette évolution trouve sa finalité en Turquie où le parti AKP (ex-islamiste) a fait le chemin qu'il fallait pour devenir un parti de pouvoir. L'AKP quoique issu de la mouvance islamiste, et malgré quelques velléités, ne fait plus peur en Turquie comme en attestent ses résultats aux législatives de juillet. Au Maroc, les islamistes à défaut de faire le grand écart se positionnent en attente de leur jour. Il reste à savoir, maintenant si cette percée des partis islamistes dans les pays de la Méditerranée, ne remet pas en cause le projet de l'Union méditerranéenne initiée, par le président français, Nicolas Sarkozy, d'autant plus que cette Union doit constituer, selon le président français, -qui ne veut pas de la Turquie dans l'Union européenne- un point de chute «honorable» pour Ankara.