Algérie Telecoms a sévi au bout de trois jours. Algérie Telecoms vient de procéder à la coupure des lignes Internet des fournisseurs d'accès algériens qui n'ont pas payé leurs factures de location des lignes en fibre optique et de la bande passante. Lancé il y a plus d'une année en grande pompe, le service de vente de la bande passante aux fournisseurs d'accès à Internet, vient de connaître son premier accroc majeur. Il ne s'agit pas d'un problème de dysfonctionnement classique auquel sont habitués les providers algériens dans leur relation avec les P et T, mais plutôt l'inverse. Ainsi, au moins quatre fournisseurs d'accès à Internet viennent d'être privés de leur connexion à Internet pour défaut de paiement, soit quelques milliers d'abonnés à Internet, apprend-on de sources proches du département de Maghlaoui. Près de sept providers dont Algeriecom, ACI, Solinet ainsi que KB-Network cumulent des dettes de près de 10 milliards de centimes. Ces 10 milliards de centimes représentent plusieurs mois d'abonnement à Internet que les P et T n'ont pas récupérés. Algérie Telecoms, qui a commencé à vendre de la bande passante aux providers algériens en octobre 2000, facture les 2 mégabits par seconde à 700.000 DA en HT soit quatre fois moins qu'une connexion satellite à la même vitesse. A l'époque, les providers et les spécialistes avaient salué cette initiative des autorités et l'avaient perçue comme une volonté de permettre l'accès à Internet à un plus grand nombre. Restait la facturation qui, selon des sources proches du dossier, n'avait commencé qu'après un délai de grâce de six mois. Selon un fournisseur d'accès à Internet, il y a près d'un mois et demi, les providers se sont vu adresser un courrier les invitant à honorer leurs factures. Quelques jours après, un autre courrier leur a été adressé les avertissant qu'à défaut de paiement, ils seront coupés sous quinzaine. Mais, selon la même source, Algérie Telecoms a sévi au bout de trois jours. Pour régler ce problème, qui, on l'imagine bien, pénalise les abonnés à Internet et les sites Web hébergés chez ces providers, il semblerait que l'administration et les fournisseurs d'accès à Internet se soient mis d'accord pour un échéancier de 4 mois avec paiement de 50% dès le départ. Après cet accord, les providers ont été surpris de ne pas être rétablis, car Algérie Telecoms, à ce qu'il paraît, ne leur rétablirait leur connexion qu'après avoir récupéré toutes les sommes dues. En l'absence des responsables des P et T qui sont en déplacement avec Maghaloui pour assister à la Conférence mondiale de développement des télécommunications qui se tient du 18 au 27 de ce mois à Istanbul, aucune solution ne semble être en vue. Les abonnés à Internet ont trouvé la solution d'aller chez les autres providers, mais cette situation engorge ces derniers. Autre solution pour les abonnés: le 1515 de Djaweb, le service Internet d'Algérie Telecoms, mais là une autre surprise les attend: la connexion à Internet est de 2,04 DA la minute. Ceux qui souffrent le plus de cette situation sont bien évidemment les entreprises qui ont leur site hébergé chez ces providers. Un webmaster algérien vivant en France et qui a décidé d'héberger son site en Algérie, vient de vivre une mauvaise expérience. Pour lui, dès qu'il pourra accéder à son site bloqué, il va le rapatrier en France chez un autre fournisseur d'accès. Cette situation peut être aussi récupérée politiquement. Dans son rapport 2000 sur l'état de l'Internet dans le monde, RSF avait mis l'Algérie sur la liste des pays ennemis de l'Internet pour une question de panne technique au niveau du Cerist en 1999... La situation actuelle pourrait être une aubaine pour l'ONG française pour son rapport 2003.