A l'approche de chaque échéance électorale, la télévision nationale ouvre son antenne à l'expression plurielle, mais la direction veille toujours sur les dépassements. Mais cette ouverture reste toujours limitée à une exigence politique précise. Ainsi n'ont la parole que ceux qui participent aux élections et qui sont politiquement corrects. L'émission Ousboue El djazaïr, animée par une journaliste de la presse indépendante, pour justement donner une impression de liberté dans le choix des invités, n'a rien changé dans la gestion politique de l'information. C'est ainsi que les manifestations des ârchs, du RCD sont exclus du petit écran algérien. De même que ses leaders politiques tels que Sid Ahmed Ghozali, Taleb Ibrahimi ou encore Ali Yahia Abdenour, Réda Malek ou Hachemi Chérif, qui n'ont jamais fait partie des invités privilégiés de l'émission d'Oukazi, parce qu'ils sont considérés comme des «vrais» opposants au pouvoir en place. Si certains partis affirment avoir accompli une avancée sur le plan politique, sur celui de l'audiovisuel, l'Algérie est toujours à la traîne. Pour preuve, la manière dont sont diffusés les messages des candidats à l'élection locale. Ces candidats sont toujours intimidés par la présence d'une dizaine de personnes sur le plateau entre machinistes, décorateurs, journalistes et surtout...ces observateurs non identifiés qui ornent la télévision. Les candidats passent devant un décor verdâtre et un éclairage aveuglant qui leur fait perdre leurs mots et leur verve. Les partis politiques sont soumis ainsi au diktat de la Cnisel qui leur imposent un passage obligatoire à la télévision. Interdisant tout enregistrement original ou personnel dans un boîte de communication privée ou encore une télévision autre que l'Entv. Des candidats qui n'ont pas d'expérience en communication ou des conseillers dans le domaine comme en France ou aux USA sont souvent habillés d'une manière désuète récitant des discours mal préparés et souvent incompris et sans objectifs précis. En 1997, le candidat du FFS, M Ahmed Djeddaï, a été censuré et un passage important de son discours fut tout bonnement supprimé. La candidate du PT, Mme Louisa Hanoune a subi le même sort. Considérés comme de véritables orateurs politiques et surtout de grands spécialistes dans la «réplique politique bien placée», ces deux leaders furent longtemps exclus de l'écran de l'Unique. Alors que les partisans du boycott sont exclus d'antenne et de radio, les spots publicitaires appelant au vote sont systématiquement diffusés sans respect des horaires et de la durée. Des spots qui parfois sont réalisés comme des courts métrages de fiction et très souvent en tamazight, visant en fait la Kabylie, le bastion de l'antivote. Contrairement aux années 90 où le débat pluraliste avait atteint un degré important dans l'ouverture médiatique, aujourd'hui, les politiciens sont revenus à la case départ où les candidats ne sont pas confrontés dans un débat télévisé comme c'est le cas à Al Jazeera ou dernièrement sur KTV. Lors de la présentation de la nouvelle grille de la rentrée, le DG de la télévision, M.Hamraoui Habib Chawki, avait insisté sur le respect de la ligne éditoriale de l'Entv sans pour autant fixer les limites.