Le président américain entend user de son veto pour contrer la majorité démocrate qui a adopté un planning de retrait. L'Irak est devenu le thème le plus récurrent aux Etats-Unis, préoccupant autant le responsable politique que le simple citoyen. Cette préoccupation apparaît tant dans les débats publics que dans les hémicycles du Congrès. Ce dernier, dominé par les démocrates, depuis janvier dernier, a franchi jeudi un nouveau palier dans son bras de fer avec l'administration Bush en adoptant un calendrier de retrait des forces américaines en Irak. Ainsi, après une ultime lecture et vote du Sénat, le Congrès américain a définitivement adopté jeudi, le projet de loi prévoyant un retrait militaire d'Irak à partir du 1er octobre. Ce vote, 51 voix pour et 46 contre (un calendrier de retrait), risque ainsi d'avoir pour conséquence première, l'usage, pour la première fois par le président Bush, du veto -conformément à la loi fondamentale américaine- pour contrer la décision d'un Congrès majoritairement démocrate. En effet, George W.Bush, qui a pu, lors des six dernières années, agir à sa guise sur le dossier irakien, car disposant de la majorité parlementaire, doit, désormais, compter avec son opposition démocrate, avec en filigrane, soit la conciliation, soit l'affrontement. C'est cette deuxième option qui semble être prise en compte par l'administration Bush. Réagissant immédiatement au vote du Congrès, la Maison-Blanche a affirmé jeudi que le président Bush allait user de son droit de veto. En fait, en adoptant le projet de loi controversé -liant le financement de la guerre en Irak à un début de retrait des troupes qu'ils ont fixé à partir du 1er octobre- les démocrates ont ouvert les hostilités avec l'administration Bush dans une confrontation qui risque de faire des dégâts. Le débat sur l'Irak aboutit, ainsi, à une opposition frontale entre les deux pôles politiques américains. Le président Bush n'a cessé, ces derniers mois, d'avertir qu'un retrait d'Irak, dans la situation actuelle, pourrait avoir des conséquences «bien pires». Mais ne l'est-elle pas déjà avec les attaques et attentats récurrents qui mettent l'Irak à feu et à sang? Réagissant au nom du président Bush, la porte-parole de la Maison-Blanche, Dana Perino, a estimé jeudi qu'il s'agit d'une «législation défaitiste qui insiste sur une date de reddition». Mme Perino, s'exprimant devant la presse, a encore dit: «Je viens de parler au président dans le Bureau ovale et, comme il le dit depuis des semaines, le président opposera son veto à cette législation.» Il le fera «aussitôt que» le Congrès lui soumettra le texte, a-t-elle précisé; a priori, dans les prochains jours. Pour M.Bush, un désengagement prématuré serait un «désastre» dans la région et «augmenterait les menaces contre la sécurité américaine», ajoutant qu'un calendrier «ferait le jeu de l'ennemi». «Nous comprenons bien que les Américains sont fatigués de cette guerre», a cependant ajouté la porte-parole de M.Bush, mais Mme Perino indiqua aussi qu'il fallait laisser «sa chance» à la nouvelle stratégie actuellement mise en oeuvre. Peu avant le vote du Congrès, le général David Petraeus, commandant de la force multinationale en Irak, qui avait eu plusieurs rencontres avec des parlementaires mercredi, les a mis en garde en décrivant une situation plutôt sombre en Irak. «Cela peut devenir bien, bien pire», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse au Pentagone. «Actuellement, il est juste de dire que cela va un peu mieux. Mais je n'essaie pas de dire que la situation est satisfaisante» a-t-il, néanmoins, ajouté. En Irak, le député, Hassan Al-Sinaïd, proche du Premier ministre Nouri Al-Maliki -qui s'est opposé, récemment, à un retrait prématuré des forces étrangères d'Irak- a, pour sa part, accusé les démocrates en estimant que le vote de la loi imposant un calendrier de retrait aux forces américaines aura des retombées «catastrophiques» pour le peuple irakien. Selon ce député, membre du parti Da'wa du Premier ministre -qui semble ainsi exprimer la position du pouvoir en place à Baghdad- les démocrates «écoutent les médias qui sont presque en opposition avec la volonté des Irakiens». «J'aurais souhaité, a-t-il affirmé, qu'ils soient côte à côte avec le peuple irakien, plutôt que d'opter pour une position qui pourrait être catastrophique pour les Irakiens en raison de leurs divergences avec les républicains». Mais ce député conteste aussi le fait qu'il y ait une «guerre» en Irak -alors que des centaines d'Irakiens sont tués chaque mois lors de différentes attaques- estimant qu'il est «irréaliste (de parler de guerre). Il n'y a pas de guerre civile ni confessionnelle en Irak. Ce que nous avons, c'est une guerre de terreur attisée par Al Qaîda et les loyalistes de l'ancien régime».?