Immigration et sécurité énergétique, deux priorités pour cette rentrée politique européenne...qui nous concerne, ô combien! Les groupes politiques du Parlement européen (PE) se penchent depuis ce lundi, et ce, jusqu'à vendredi prochain, sur les principaux thèmes qui seront soumis à la plénière qui aura lieu du 24 au 27 septembre à Strasbourg. Cela aurait été une actualité courante, n'était la particularité des sujets retenus comme prioritaires pour cette rentrée politique de l'Europe. Ainsi, les députés européens auront à se prononcer sur, entre autres, deux grands sujets qui nous intéressent (et nous concernent) nous aussi: l'éimmigration et la politique étrangère dans le domaine de l'énergie. L'UE tente depuis près de 10 ans de s'assurer une sécurité énergétique sur le long terme et de mettre en place une politique migratoire qui satisfasse son équilibre économique et démographique. Mais l'Europe, si elle donne des apparences de penser ces deux politiques en concertation avec les pays tiers, a toujours abouti sur des propositions de lois et autres politiques de coopération qui servent ses intérêts, et uniquement ses intérêts. C'est la logique des négociations en général, vous diront certains. Bien sûr. Tout le problème est que cette façon de concevoir la coopération internationale ne satisfait pas, à ce jour, aussi bien l'Europe que les pays tiers. La question migratoire s'agrave et le problème de la consommation énergétique se complique avec, notamment, ses pendants liés à la sécurité et à l'avenir environnemental de la planète. Après avoir pondu deux livres verts sur ces deux grandes questions du siècle (en 2004 et 2005), l'UE remet, non seulement en cause plusieurs de ses engagements sur l'immigration et l'énergie, mais s'enferme de plus en plus dans des conceptions unilatérales pour répondre à ces deux problématiques. Plus, certains Etats ne tiennent plus compte de leurs engagements pris dans le cadre communautaire, et traitent individuellement et séparément avec tel ou tel pays tiers, ou groupe de pays. Du coup, la confusion prend le pas sur la transparence dans les négociations, et les pays tiers en font autant. Des exemples? Alors que la question de l'immigration doit, selon les décisions du Conseil européen et du PE de juin 2005, être traitée dans le cadre communautaire, voilà la France de Sarkozy qui pousse l'absurdité jusqu'à demander des tests ADN aux simples demandeurs de visas touristiques (pour les pays du tiers monde bien sûr) et instaure des ´´quotas´´ annuels d'expulsions. Et l'Europe n'est pas en reste dans le reniement de ses propres engagements. Sur proposition de la Commission européenne, l'UE s'achemine vers une immigration choisie, c'est-à-dire vider les pays du tiers monde du peu d'élite et de qualification qui lui restent. En 2005, l'UE s'alarmait du vieillissement de sa population active et estimait qu'il lui fallait 20 millions d'immigrés nouveaux d'ici 2030, pour pouvoir maintenir ses performances économiques au niveau actuel. Que s'est t-il passé depuis pour que l'UE raidisse ses positions? Et le Parlement européen, si prompt à dénoncer et à combattre toute atteinte à la dignité humaine, pourquoi tarde-t-il à réagir, officiellement, au projet de test d'ADN de la France? Mais détrompons-nous, il n'y a pas que la France qui pense ainsi. Le fait troublant est que l'UE s'aligne, en grande partie, sur les position de M.Sarkozy. C'est lui, en tant que ministre de l'Intérieur dans le gouvernement de Villepin, qui avait défendu ´´l'immigration choisie´´. Sur ce plan, au moins, Sarkozy a le mérite d'être clair et direct. Il en est de même sur la coopération énergétique. L'UE avait dans son livre vert (2004) sur l'avenir énergétique poussé à développer les énergies renouvelables à côté du gaz, considéré comme moins polluant et disponible sur le long terme. Or, l'on assiste à une volonté de retour à l'énergie nucléaire et du charbon, notamment sous l'impulsion du couple franco-allemand. Un tel retour aux ´´sources´´ n'est pas discutable pour les Européens. La question qui se pose est: pourquoi l'est-il pour les pays tiers? Pourquoi l'Algérie qui souhaite développer l'énergie nucléaire (à des fin civiles) génère-t-elle tant de questionnements? Si l'Europe trouve des arrière-pensées à l'Iran dans ce domaine, qui nous dit qu'elle n'aura pas, à l'avenir, une autre attitude vis-à-vis de notre pays? Le reniement de l'UE sur ses propres engagements sont nombreux. On en arrive à entendre le ministre des Affaires étrangères français, Bernard Kouchner, hier chantre de la paix et des droits de l'homme, menacer l'Iran d'une guerre. Plus violent que George Bush lui-même! Pour toutes ces raisons, la prochaine plénière du PE qui va débattre des propositions du Conseil et de la Commission européenne sur l'immigration et la politique étrangère dans le domaine de l'énergie, est à suivre attentivement. Elle nous dira où va l'Europe dans ses coopérations avec nous.