Le feuilleton du détournement dont est victime la plus grande agence d'Algérie Télécom à Oran, commence à livrer ses premiers secrets. Ainsi, au total, l'on saura qu'une douzaine d'employés seraient «impliqués». Le dossier sera présenté à la justice dès la finalisation de l'enquête. «Les mis en cause» auraient été trahis par leurs propres codes secrets, apposés à chacune des opérations effectuées, ou d'accès aux comptes, telle qu'exigés par le tout nouveau système de contrôle mis en place, en l'occurrence le système Gaya. Ce sont autant de nouveautés qui caractérisent pour l'heure l'état d'avancement de l'enquête de ce détournement. Aux premiers éléments de l'enquête, nous apprenons que le premier montant qui a été détourné remonte aux mois de juillet et août 2005. L'inspection financière de wilaya avait décelé qu'un montant de l'ordre de 2,5 milliards de centimes aurait été détourné. «Une telle découverte a été le prélude à l'explosion de l'affaire, après qu'une enquête administrative eut été déclenchée», apprend-on. Cette affaire a éclaté suite à une lettre anonyme faisant état d'un détournement au niveau de l'agence Abane-Ramdane, enchaînent nos sources. Et d'ajouter: «C'est ainsi que le dossier aurait été confié sur-le-champ à l'inspection financière locale.» Une enquête est alors ouverte. Après plusieurs investigations et exploitations de plusieurs pistes, la découverte a été concluante et les premières déductions d'un inévitable scandale se sont dessinées. Menée à terme, l'enquête a abouti à la découverte avec exactitude des tenants et des aboutissants du détournement. L'affaire a été décisive grâce à l'introduction du système Gava, un système largement utilisé au niveau des guichets d'Algérie Télécom. Il permet ainsi l'identification de tous les opérateurs et l'enregistrement de toutes les opérations effectuées. Ainsi, l'on saura que pour accéder aux différents comptes, tout opérateur doit, au préalable, apposer son code secret. Tout employé est pourvu de ce code. Il est donc évident que les intervenants ont été piégés par le système Gaya. «C'est ce qui a permis l'identification de toutes les personnes qui ont accédé aux opérations», apprend-on. Mieux encore, ce système a même permis d'identifier et de découvrir avec exactitude les dates et horaires de toutes les opérations effectuées ainsi que les personnes ayant accédé aux comptes en utilisant leurs codes secrets. Ces mêmes sources ajoutent que les personnes impliquées ont procédé aux falsifications étendues des factures de téléphone. Ces mis en cause reviennent ensuite à la charge et procèdent au retrait des sommes après le dépôt des factures réelles. Le nombre de victimes s'élève à 126 propriétaires de kiosques multiservices, pour un total de 568 lignes téléphoniques et 268 autres abonnés. Le détournement qui a défrayé la chronique a été effectué en plusieurs parties. Comme première mesure, la direction d'Algérie Télécom a suspendu une douzaine d'employés qui seraient directement impliqués. L'enquête est désormais entre les mains des brigades financières.