Le préjudice financier subi par Algérie Télécom ayant concerné quelque 12 lignes piratées s'élève à plus de 47 098 924, 41 DA. Le montant d'une seule facture mensuelle détaillée se monte à un milliard 200 millions de centimes. Plusieurs cadres d'Algérie Télécom, cités dans le scandale des lignes téléphoniques détournées au profit d'un réseau d'Al-Qaïda, révélé en 2005 après des investigations menées par les services de sécurité, seront auditionnés, aujourd'hui, par le juge d'instruction de la 2e chambre du tribunal d'Annaba, en charge de ce lourd dossier. Après la mise au grand jour de cette affaire, l'administration centrale d'Algérie Télécom s'est constituée partie civile et avait ordonné pour la circonstance plusieurs inspections, dont la dernière a été effectuée au début du mois de septembre dernier. La collaboration des services antiterroristes des pays, notamment ceux affiliés à Interpol avec leurs homologues algériens est pour beaucoup dans la mise à nu de cette affaire. En effet, selon les éléments de l'enquête, ce n'est qu'après l'arrestation dans un pays européen de deux terroristes d'Al-Qaïda, que cette affaire d'utilisation clandestine des lignes téléphoniques résiliées au profit de tiers a éclaté. Sur l'un de ces deux terroristes, il a été découvert le numéro de téléphone d'un domicile, sis à Sidi-Amar (Annaba). Il s'agit de la ligne 038 87 12 95, résiliée depuis 2004. Ledit domicile appartenant à une ressortissante algérienne émigrée en France, laquelle, selon les éléments de l'enquête, l'a loué à un étudiant yéménite. Les investigations très poussées effectuées par les enquêteurs n'ont pas tardé à donner des résultats. Une perquisition du domicile suspect a permis de découvrir, en outre, un cachet humide du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique et la ligne téléphonique piratée. Les appels téléphoniques non identifiés effectués par le mis en cause à partir de cette ligne piratée sont destinés à plus d'une dizaine de pays, entre autres, les USA, le Pakistan, l'Inde, l'Egypte, la Syrie, l'Arabie Saoudite, le Bangladesh. Le chef du groupe, le nommé A. A., âgé d'environ 44 ans, installé depuis le début des années 90 à Annaba, prépare son doctorat en chimie, selon les éléments de l'enquête. Lors de son audition après son arrestation le 8 juin du mois 2005, le principal mis en cause avait avoué avoir utilisé la ligne téléphonique piratée avec cinq autres étudiants, tous de nationalité yéménite. Plus grave, aujourd'hui, cette affaire prend d'autres dimensions, aussi bien en matière de lignes utilisées que du montant des communications et surtout des nouvelles têtes mêlées. Ainsi, on parle plus d'une facture détaillée de la ligne téléphonique piratée, qui était de l'ordre de 1 milliard 200 millions de centimes pour une période d'un mois seulement mais plutôt de nombreuses lignes téléphoniques et de plusieurs milliards de centimes de préjudice, avec en plus l'implication d'autres ressortissants, dont un Italien d'origine algérienne et de plusieurs Palestiniens. Plus précisément, selon des sources proches de ce dossier, le préjudice financier subi par Algérie Télécom ayant concerné quelque 12 lignes piratées s'élève à plus de 47 098 924, 41 DA. Aussi, dans cette affaire, qui n'a pas livré encore tous ses secrets plus de quatre ans après sa mise au grand jour, la complicité d'un ou des travailleurs des postes et télécommunications est de mise. Car, les lignes piratées étaient résiliées depuis plusieurs mois. Pour rappel, ce groupe a été neutralisé, plus précisément à la fin du mois de juin de l'année 2005. Il s'agit du second réseau démantelé, à Annaba, en quelques mois, après l'arrestation du premier groupe des six terroristes tunisiens, appartenant au même réseau au quartier chic Sainte-Thérèse.