Ces derniers reviennent à la charge. Manifestement, le contrat social issu de la tripartite de septembre 2006 tombe à l'eau. Au moins six syndicats déterrent la hache de guerre, annonçant à nouveau un bras de fer qui s'avère être rude. Les professeurs universitaires ont opté pour un débrayage de trois jours, alors que les enseignants de l'éducation ont annoncé une mobilisation syndicale pour la journée du 24 septembre. Ils refusent la nouvelle grille des salaires et un espoir d'une hausse mise sous perfusion. Ils revendiquent un nouveau contrat social, c'est-à-dire une revalorisation salariale concrète et à la hauteur de l'effort fourni, une prise en charge sociale et un statut particulier. C'est aussi facile que la lecture d'un conte de fées. Ce sont surtout les mêmes requêtes inscrites depuis des années sur le registre de doléances de Rachid Harraoubia et de Boubekeur Benbouzid, respectivement ministre de l'Enseignement supérieur et de l'Education nationale. Pour le Conseil national des enseignants du supérieur (Cnes), la nouvelle grille des salaires est une «insulte» pour l'enseignant-chercheur. Le bras de fer est ainsi engagé, avec comme point de départ trois jours d'arrêt de travail, soit les 20, 21 et 22 octobre et des AG à travers l'ensemble des établissements universitaires. Le Cnes compte recharger encore les batteries de la protestation à l'occasion de son conseil national extraordinaire prévu dans les jours à venir. Il sera question, d'après le Cnes, d'arrêter le plan d'action pour l'année 2007-2008 et d'ouvrir surtout des consultations avec d'autres syndicats autonomes aux fins «d'attirer encore une fois l'attention des pouvoirs publics sur cette situation». Cela dit la rentrée -jusqu'ici ajournée par le calendrier religieux - risque d'être chaude. De leur côté, les enseignants des trois paliers, en particulier les profs du secondaire, estiment que la nouvelle grille des salaires «est décevante». Ali Lamdani, secrétaire national à l'information et à la communication du Cnapest estime que cette dernière réduit la profession de l'enseignement à une simple besogne administrative. «La nouvelle grille harmonise les salaires des fonctionnaires sans prendre en compte les spécificités de la fonction». Joint hier par téléphone, Ali Lamdani se dit au courant de l'équation à l'origine du «gonflement des salaires». La clé de l'équation est que l'ISS (indemnité de suggestion spéciale) et l'ICR (indemnité complémentaire sur le revenu) sont désormais inclues dans le calcul du salaire de base. Exemple: pour la catégorie 13 groupe A, le salaire de base de l'enseignant est de 26.010DA et compte les deux indemnités, alors que l'ISS était versée auparavant séparément du salaire et représentait 40% du salaire de base, soit 10.404 dinars. Quant à l'indemnité allouée en 2006 aux enseignants, estimée à 4500DA, celle-ci est intégrée dans l'ICR (790DA) pour qu'elle devienne 5290DA. Cela dit, ces deux indemnités, calculées à 10.404 pour l'ISS et 5290 pour l'ICR (15.694DA les deux), sont incluses dans le salaire de base qui est de 26.010DA, alors que l'ISS doit être versée séparément et l'ICR mensuellement. En un mot, l'enseignant de la catégorie 13 groupe A doit toucher un salaire de 41.704DA si on calcule les indemnités rajoutées au salaire de base qui est de 26.010DA. C'est ce qui provoque d'ailleurs la grogne des enseignants. De son côté, Rédouane Osmane, coordinateur national du Conseil des lycées d'Algérie, tout en s'insurgeant contre la nouvelle grille des salaires, compte se battre aussi sur un autre front, celui de la suppression des postes au niveau des établissements scolaires. Pour cela, un rassemblement sera organisé devant l'Académie d'Alger le 24 du mois en cours. Pour lui, la réforme telle qu'elle est conçue, «réduit l'ordre pédagogique et le coût financier de l'école». En un mot, l'école et l'université sont désormais dans une fournaise que le ministre de l'Education, Boubekeur Benbouzid, devra apaiser aujourd'hui à l'issue de la journée d'étude consacrée au statut particulier des travailleurs de l'éducation à laquelle participent les syndicats du secteur.