S'il y a une chose que l'Algérien n'admet pas, c'est bien la hogra. L'injustice. La victimisation finira bien par se retourner contre les auteurs de ces actes de violence. En entamant depuis quelque temps un nouveau mode opératoire, celui qui consiste à utiliser les bombes humaines contre les sites stratégiques et les symboles de l'Etat, comme le Palais du gouvernement et la personne du président de la République à Batna, Al Qaîda ne vise rien moins qu'à provoquer l'effondrement de l'Etat, son implosion. C'est un cran de plus dans la sauvagerie terroriste. On n'en est plus aux attentats ciblés des années 90 et les destructions des infrastructures, comme les ponts et les établissements scolaires. Il faut bien voir qu'à travers les attentats qui visaient les citoyens à titre individuel ou collectif, que ce soit des personnalités ciblées (intellectuels, magistrats, officiers de l'armée...) ou des populations rurales isolées, les GIA avaient fini par perdre tout le capital sympathie dont ils pouvaient disposer dans certains milieux populaires, à la suite de la dissolution de l'ex-FIS. Ils s'étaient mis toute la population algérienne à dos. La stratégie du Gspc est tout autre. Dès le départ, pour se démarquer des GIA, il s'en est surtout pris aux forces de sécurité. Cette même stratégie semble aujourd'hui avoir atteint ses limites, puisque le Gspc veut atteindre l'Etat à sa tête. Deux lectures: il y a de sa part un certaine impatience. Le Gspc veut des résultats, et tout de suite, car la situation dans les maquis ne permet plus de tergiverser. Les règlements de compte entre émirs frisent la paranoïa et les pulsions autosuicidaires. L'autre lecture est aussi facile à faire: c'est celle qui a été donnée par le président de la République lui-même. L'Algérie, qui est en train d'engranger des succès sur les plans économique et social, ne fait pas que des heureux. La situation est-elle plus préoccupante aujourd'hui qu'hier? Ce qu'il y a de sûr, c'est que les ennemis de l'Algérie, et le Gspc affilié à Al Qaîda, en fait partie, ne visent rien moins qu'à instaurer un climat d'insécurité en Algérie. Qu'ils assassinent des citoyens ou qu'ils s'attaquent aux symboles de l'Etat, le résultat est le même. Ce que l'on peut remarquer, en revanche, c'est qu'il y a une meilleure coordination, les actions terroristes sont réglées comme du papier à musique. A tous les coups, ils font mouche. La technologie employée est du dernier cri macabre. Une technologie sophistiquée, doublée d'une motivation inquiétante: pousser le culot jusqu'à se faire exploser, relève d'un lavage de cerveau bien huilé. La nouvelle vidéo d'Al Zawahiri, qui menace les ressortissants français et espagnols travaillant en Algérie, participe de la même veine. Le but est évident, en isolant l'Algérie, en étouffant l'économie du pays, en boutant hors du territoire les ressortissants de ces pays avec lesquels l'Algérie entretient des rapports de coopération et de partenariat, on veut, en poussant loin le bouchon jusqu'au paroxysme de l'atrocité et de la sauvagerie, mettre à genoux l'économie du pays. En retour, par un effet boomerang, ce qui est prévu dans leurs plans machiavéliques, ce n'est rien d'autre que la perte par l'Etat de toute sa base sociale. La colère des populations pour les amener à manifester contre les représentants de l'Etat. Or, il semble bien que c'est là que les terroristes font fausse route. S'il y a une chose que l'Algérien n'admet pas, c'est bien la hogra. L'injustice. La victimisation finira bien par se retourner contre les auteurs de ces actes de violence, qui, en s'en prenant aux citoyens, puis à l'Etat et à ses symboles, et enfin aux sites stratégiques, recevront en pleine figure les éclats d'obus de tous ces méfaits.